Les ordonnances de la nouvelle loi Travail n'ont pas encore été présentées en Conseil des Ministres, et déjà les différents syndicats de salariés se mettent en ordre de bataille... ou pas ! En effet, les directions de Force Ouvrière (FO) et de la CFDT ont pour l'instant du mal à s'entendre avec la CGT et Solidaires afin de mener une lutte commune contre ce qu'ils considèrent comme les méfaits de la réforme du Code du Travail.
"Des grognons râleurs", voilà comment Jean-Claude Mailly, le leader de FO, qualifie la part de ses militants qui n'a que faire de ses instructions nationales et défile depuis la rentrée aux côtés de la CGT.
Son homologue de la CFDT, Laurent Berger, préfère garder le silence pour le moment. Ces deux syndicats dits 'progressistes' et 'réformistes' attendent en effet de connaitre le contenu exact des ordonnances que le gouvernement présentera demain avant d'organiser une quelconque mobilisation nationale. Les opposants à la loi Travail sont encore minoritaires dans leurs rangs, mais commencent peu à peu à faire entendre leur voix sur un texte qu'ils jugent "pire que la loi El Khomri".
Déjà lundi dernier, les routiers CFDT et CFTC ont mis en place des barrages filtrants et des opérations 'escargot' dans la plupart des grandes villes de France. Ils comptent recommencer la même opération aujourd'hui, et seront rejoints dans la mobilisation par l'UNSA-Ferroviaire, deuxième syndicat de la SNCF, qui retrouvera sur le pavé la CGT, Solidaires, la FSU et les étudiants de l'UNEF.
La CFDT rechigne
Dimanche dernier, la branche Métallurgie de la CFDT avait à son tour officiellement alerté sa direction en lui rappelant "la colère de nombreux militants" qui attendaient davantage de la part du premier syndicat du secteur privé. Mais leur leader, Laurent Berger, leur a répondu mardi dans un communiqué commun signé avec les directions de la CFTC et de l'UNSA.
Il souhaite donner la priorité au "dialogue social" plutôt qu'à la colère de la rue, et donne une chance au gouvernement d'instaurer davantage de "justice sociale" dans ses textes et ses lois, sans pour autant porter atteinte à "l'efficacité économique". Le communiqué publié par les trois leaders syndicaux rappelle néanmoins leur désaccord avec la limitation des indemnités prud'homales et l'instance unique de représentation du personnel.
Pour certains militants de la CFDT interrogés par Le Monde, leur syndicat est "réformiste, mais réformer ne veut pas dire accepter n'importe quoi !". Ils souhaitent être davantage consultés par leur direction et accusent Laurent Berger d'être "trop mou" face aux attaques du gouvernement contre le Code du Travail. Le mécontentement de façade ne suffit plus et "quand il n'y a plus rien à discuter, il faut être dans la rue..."
Force Ouvrière aux côtés des fonctionnaires
Certains militants FO sont eux aussi désorientés. Ils n'ont pas oublié la mobilisation massive de leur syndicat contre la loi El Khomri sous la présidence de François Hollande, et se demandent pourquoi cette fois-ci, leur direction reste réfractaire à toute manifestation.
Toutefois, le patron du syndicat Jean-Claude Mailly a annoncé sa présence au rassemblement du 10 Octobre prochain pour manifester aux côtés des fonctionnaires qui plaident contre le gel du point d'indice et le rétablissement du jour de carence.
Enfin, les cadres de la CFE-CGC ont, de leur côté, décidé de descendre dans la rue aujourd'hui pour manifester contre le contenu de certaines ordonnances de la réforme du Code du Travail. Le gouvernement doit donc s'attendre à des journées mouvementés dans les prochaines semaines.