Aujourd'hui lundi, le gouvernement d'Edouard Philippe présente sa réforme de l'enseignement supérieur, avec notamment des solutions pour fluidifier l'entrée des nouveaux bacheliers à l'université. Selon les défenseurs de ces nouvelles mesures, il s'agit d'une véritable "révolution culturelle". Voyons ce que contient ce texte décrié par les syndicats étudiants. Ces derniers regrettent qu'une sélection qui ne dit pas son nom sera désormais mise en place dans les filières les plus embouteillées - le droit, le sport et la psychologie - qui n'ont pas les moyens d'accueillir tous les étudiants.
Ces dernières années, des tirages au sort étaient même organisés.
Pour solutionner le problème, la ministre de l'Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, répond de manière ambigüe aux associations de parents d'élèves. Elle précise notamment que le gouvernement s'engage "à ce que chaque demande d'élève soit analysée et accompagnée de façon personnalisée". En résumé, les universités sélectionneront, mais les élèves auront la possibilité d'en forcer la porte. Pas de quoi rassurer les syndicats de lycéens et d'étudiants, ni les représentants des professeurs de facultés, qui jurent de tout faire pour combattre le projet de loi. Et le temps presse, car 700.000 élèves de terminale vont devoir choisir leur orientation post-bac dans moins de deux mois.
Disparition du classement des voeux d'orientation
Première mesure de la réforme qui devrait être présentée le 22 Novembre prochain en Conseil des Ministres, la disparition des voeux classés. Jusqu'à présent, les élèves de terminale devaient livrer un classement par ordre de préférence de leurs souhaits d'orientation, sans connaître de réponse immédiate, créant ainsi une incertitude désagréable.
Pas moins de 24 voeux devaient être ainsi formulés. A l'avenir, le nombre de voeux devrait passer de 24 à 12, et les nouveaux bacheliers recevront une réponse pour chacun d'entre eux. A eux ensuite de faire leur choix final en fonction des acceptations.
Par ailleurs, l'avis des professeurs de Lycées devrait également être consulté pour déterminer la filière dans laquelle les étudiants se lanceront.
Dès le conseil de classe du deuxième trimestre de terminale, les enseignants livreront leur opinion sur chacune des douze propositions formulées par les élèves. Cet avis figurera dans leur dossier scolaire et les universités en seront informées. Deux mentions seront possibles : "avis très favorable", ou "doit faire ses preuves".
Une sélection directement effectuée par les universités
De la même façon, les universités auront accès aux bulletins de notes de leurs futurs étudiants. Jusqu'à présent, c'était une plate-forme informatique automatisée qui attribuait les orientations aux élèves de terminale. Mais problème de taille : un tirage au sort particulièrement injuste avait lieu en cas d'embouteillages dans certaines filières.
A l'avenir, les jurys d'université pourront eux-mêmes disposer des dossiers scolaires pour effectuer une sélection plus méritocratique. Et pour contenter les syndicats réfractaires, le gouvernement a trouvé la solution : même en cas de refus de la part d'une université, le futur étudiant pourra néanmoins maintenir son choix. Ce sera alors aux facultés de créer des places supplémentaires. Mais comme le demande Hervé Cristofol, du syndicat d'enseignants Snesup-FSU, qu'en sera-t-il du budget alloué à la création de ces nouvelles places ? Enfin, pour les étudiants ayant choisi une filière spécifique malgré un refus ou un avis défavorable, une année de remise à niveau pourra leur être proposée.