Après un début de route d'une politique jugée très à droite par l'opinion publique, Emmanuel Macron et son Premier ministre Édouard Philippe préparent tout doucement le terrain afin de pouvoir s'engager dans un long virage à gauche pour les trois derniers mois de l'année. Un projet social, enfin ! Peu après la présentation de la politique fiscale et budgétaire du Gouvernement pour l'année 2018, son allié politique du MoDem François Bayrou l'avait appelé de ses voeux à rectifier le tir auprès des classes moyennes et populaires. Le voilà désormais exaucé.
Faisant suite aux ordonnances réformant le droit du travail, les réformes ambitieuses à venir de l'assurance-chômage, de la formation professionnelle et de l'apprentissage sont appelées à parachever la transformation profonde d'un modèle social français qu'Emmanuel Macron juge obsolète face aux défis d'évolution du monde.
D'ailleurs, si son mentor politique François Hollande l'avait interpellé sur plus de prudence sur ses projets de réformes, force est de constater que la volonté de transformation du président Macron est trop forte pour se laisser dicter sa conduite.
Des partenaires sociaux très méfiants
Il ne fait aucun doute que la méthode Macron de concertations avec les syndicats et les organisations patronales avait su faire mouche dans l'élaboration des ordonnances sur le Code du travail, mais pour ce nouveau volet, la seule méthode ne suffira plus à calmer les inquiétudes qui commencent déjà à se faire entendre.
L'Exécutif ne de cesse de le rappeler depuis le début de son mandat, cette seconde étape de transformation du milieu du travail vise à assouplir les parcours professionnels et accorder de nouvelles protections aux actifs qu'ils soient demandeurs d'emploi, salariés ou indépendants.
Les points d'inquiétude sur l'assurance-chômage
Si le chantier s'annonce particulièrement délicat, cela n'est pas anodin. En effet, la perspective d'ouvrir l'indemnisation à un public plus large incluant désormais indépendants et salariés démissionnaires interroge sur son financement. Pour François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, faire route vers le cap promis par l'Exécutif pourrait bien creuser le déficit au risque faire exploser le système mis en place par l'Unédic.
À la CFDT, on préfère penser l'équation impossible à moins de toucher aux droits de ceux qui en bénéficient déjà.
Second point susceptible de fâcher grandement, la gouvernance du nouveau système. Les syndicats soupçonnent une grande implication de l'État qui pourrait contrevenir au bon fonctionnement de l'appareil en place. De plus, la mesure de bonus-malus envisagée par le Gouvernement pour moduler les cotisations des entreprises en fonction du nombre de contrats rompus ou arrivés à terme passe mal auprès des patrons.
Il faudra donc la jouer très finement. Emmanuel Macron et Édouard Philippe sont prévenus, la pression pourra très vite monter au moindre dérapage.