Les textes législatifs qui rythmeront l'année 2018 sont actuellement étudiés les uns après les autres par les députés à l'Assemblée Nationale. Après le projet de loi de finances la semaine dernière, place au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Et parmi les mesures contenues dans le texte, l'une d'elles intéresse particulièrement les français : la réforme de la Contribution Sociale Généralisée (CSG). A droite comme à gauche, on peste contre cette augmentation qui touchera la fiche de paye des français et les pensions des retraités.

C'est le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, qui a été chargé par Edouard Philippe de répondre aux critiques des députés. Membre du parti Les Républicains, il a du essuyer les piques de ses anciens camarades, qui lui reprochent de toucher au porte-feuille des retraités. En effet, une personne seule à la retraite verra la CSG augmenter de 1,7 point à partir du 01er Janvier 2018 si sa pension est supérieure à 1.400 Euros mensuels. Mais le ministre Darmanin a une réponse toute faite, et s'en prend à l'augmentation de la TVA que François Fillon avait annoncé pendant sa campagne électorale. Avec la réforme Macron de la CSG, un retraité qui touche 900 Euros par mois ne verra pas sa pension diminuer.

Mais si la réforme Fillon sur la TVA avait été appliquée, ce même retraité aurait du faire face à 200 Euros de dépenses mensuelles supplémentaires.

Des dépenses compensées, mais pas pour tout le monde

Comme pour en remettre une couche face aux détracteurs de son propre parti politique, le ministre Darmanin développe : "Pour qui est à 1.500 Euros de retraite, la CSG c’est effectivement 306 Euros d’augmentation, mais cette compensation, elle est faite dès le mois d’Octobre avec la suppression de la taxe d’habitation". Sur les bancs des Républicains, on a de quoi répondre, comme le fait Eric Woerth, lui-même ancien ministre du Budget.

Pour ce dernier, qui est également président de la commission des Finances à l'Assemblée, l'augmentation de la CSG est "inefficace et dangereuse car elle oppose les Français". L'ancien ministre ajoute qu'une telle réforme ne conduira pas à une hausse de la croissance de la France, ni à l'augmentation du pouvoir d'achat.

Mais le gouvernement contre immédiatement les arguments des Républicains.

En effet, grâce à la suppression de certaines cotisations (maladie, chômage) décidées par les équipes d'Edouard Philippe en 2018, le montant net sur la fiche de paye des français augmentera. Pour ce qui est des retraités, les personnes les plus touchées par la hausse de la CSG seront celles dont les pensions sont supérieures à 2.500 Euros par mois. Conséquence : "Seuls 30% des retraités vont connaître une perte de pouvoir d’achat". Rappelons que ces derniers les plus fortunés continueront également à être redevables de la taxe d'habitation.

Les Républicains ne sont pas les seuls à pester contre la réforme. Le groupe des 'Constructifs', supposé être un soutien du gouvernement, parle de mesure "fondamentalement injuste", car la suppression de la taxe d'habitation se fera par étapes sur trois ans.

Les retraités touchant une pension mensuelle comprise entre 1.400 et 2.500 Euros verront donc également leur pouvoir d'achat diminuer jusqu'en 2021.

La gauche monte aussi au créneau

A gauche, le groupe socialiste se place en défenseur des retraités. Ses membres ont notamment tenté de faire voter des amendements exonérant de hausse de la CSG les personnes atteintes d'handicap ou d'invalidité, ainsi que leurs aidants. En vain... Du côté des communistes et de la France Insoumise, on dénonce un "système à l'américaine", et on regrette la disparition progressive de la Sécurité Sociale "gratuite pour tous, à 100%", comme elle avait été créée par Ambroise Croizat et le Conseil national de la Résistance dans les années 40.

A ceux-là, le ministre Darmanin répond, non sans ironie, qu'il n'a pas "trouvé [dans] les sous-sols de Bercy […] la caverne d’Ali Baba pour financer les rêves doux de ceux qui font profession d’opposition".