Christophe Castaner, c'est l'histoire d'une « success story » presque aussi rapide que celle d'Emmanuel Macron. En décembre 2015, il y a moins de deux ans, il est tête de liste du Parti Socialiste lors des élections régionales en Provence-Alpes Côte d'Azur. Arrivé en troisième position, il se désiste en faveur de Christian Estrosi pour faire barrage à Marion Maréchal-Le Pen. Une défaite transformée en coup d'éclat médiatique pour ce politique varois qui ne tarde pas à quitter le PS pour rejoindre Emmanuel Macron lorsque ce dernier se lance dans la lutte en vue de l'élection présidentielle de 2017.
Proche du candidat Macron, Castaner récolte logiquement les fruits de sa fidélité lorsque son « boss » est élu en mai dernier. Il est ainsi nommé secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, mais aussi porte-parole du gouvernement Edouard Philippe. Que ce soit auprès des médias ou en public, Christophe Castaner devient ainsi l'une des figures marquantes de la nouvelle majorité. Il porte la parole d'Emmanuel Macron, ce dernier accordant une immense confiance au Varois.
Tous les adhérents de LREM ne voteront pas
Une confiance si importante qu'Emmanuel Macron n'hésite pas à soutenir Christophe Castaner concernant la présidence de La République en marche, passée désormais de mouvement à parti.
Un parti qui a donc besoin d'une direction, le Président de la République imposant le nom de Castaner. L'embarras est évident : déjà parce que Christophe Castaner est l'unique candidat au poste. Il sera élu au poste de délégué général du parti ce samedi à Lyon lors du premier Conseil de LREM à Lyon. Non pas par les 380 000 adhérents...
mais à main levée par 200 « marcheurs » tirés au sort. Niveau démocratie et nouvelle façon de faire de la politique, on a vu mieux... Un manque de considération pour les adhérents au moment où une centaine de « marcheurs » ont décidé de faire sécession et de quitter le nouveau parti. Si l'option Castaner créé un malaise, c'est aussi parce qu'il s'agit du choix d'Emmanuel Macron.
« Tout puissant » au sein de LREM, mouvement qu'il a créé, le Président de la République ne semble pas pressé de donner la parole aux adhérents, se contentant d'imposer ses propres choix. Quitte à ce que cela remette en cause le cumul des mandats. En effet, alors que Christophe Castaner prend la tête du premier parti de France, la question de son départ du gouvernement se pose. Un sujet sur lequel la majorité manque de clarté.
Castaner président de LREM et toujours au gouvernement ?
S'il venait à rester au gouvernement, Castaner serait donc toujours secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement... tout en étant chef de parti. Une incohérence digne des plus grandes heures de la Vème République, lorsque le pouvoir était concentré dans les mains des deux partis traditionnels qu'Emmanuel Macron a réussi à dominer pour s'imposer.
Le cas Castaner pourrait donc être très révélateur de la mentalité du Président de la République. Cette « nouvelle façon de faire de la politique », la « mort de l'ancien système » mises en avant durant la campagne n'étaient-elles que des mots ? Ces idées peuvent-elle résister à l'exercice du pouvoir ? Emmanuel Macron va rapidement devoir clarifier la situation en annonçant une chose : le départ de Christophe Castaner du gouvernement. Si le Varois obtient gain de cause et reste secrétaire d’État, le mélange des genres sera embarrassant. Nul doute alors que Marine Le Pen, adversaire d'Emmanuel Macron lors du second tour de l'élection présidentielle, se fera un plaisir de ressortir son classique « UMPS » et à l'appliquer à Emmanuel Macron. Car dans cette affaire, les méthodes du Président de la République rappellent fortement celles de ses prédécesseurs...