C'est le débat politique de la semaine dans les couloirs de l'Assemblée nationale avec la mise en place d'un groupe de travail sur le thème : les députés français sont-ils trop payés, ou pas assez ? Le sujet avait déjà été abordé pendant la campagne présidentielle, mais aujourd'hui, les déclarations de certains élus choquent l'opinion publique : "Je mange pas mal de pâtes et j'ai ressorti des vêtements de la cave", a révélé cette semaine, sous couvert d'anonymat, une députée de La République en Marche qui percevait auparavant 8.000 Euros mensuels en tant que chef d'entreprise.
Elle ne reçoit, depuis son élection, "que" 5.000 Euros nets par mois. Bien sûr, certains de ses collègues ont condamné ces propos. Rappelons que lors des cinq dernières années, les sociétaires français du Palais Bourbon ont déclaré en moyenne 59.000 Euros de revenus par an, soit 4.900 Euros par mois.
Pour l'ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, "la suspicion générale" doit cesser, alors que pour Ugo Bernalicis, député de la France Insoumise, les auteurs de propos douteux vivent "dans un autre monde".
Cependant, en observant les chiffres, on réalise effectivement que de nombreux élus de La République en Marche avaient des revenus supérieurs avant leur élection. Certains ont d'ailleurs décidé de conserver une activité professionnelle parallèle.
Citons l'exemple de ce député qui a révélé à L'Express, lui aussi sous couvert d'anonymat, qu'il ne pouvait actuellement pas financer son train de vie et son emprunt immobilier avec 5.000 Euros par mois.
Un plafond pour les activités professionnelles parallèles
Le groupe de travail mis en place par l'Assemblée Nationale sur l'indemnisation des parlementaires intervient après la promulgation de la loi sur la moralisation de la vie politique, votée au début du quinquennat d'Emmanuel Macron.
Les élus craignent donc que le thème de leur rémunération ne soit plus réellement "abordé avant un moment", selon les propos d'un nouveau député qui s'est confié à l'AFP.
La première proposition du groupe de réflexion nommé serait de fixer un plafond à la rémunération que certains perçoivent dans le cadre d'une activité professionnelle menée en parallèle de leur mandat.
Ils seraient 130 dans ce cas, selon l'AFP. Certains métiers devront même être exercés sous conditions, pour notamment éviter les éventuels conflits d'intérêts. Ce plafond pourrait être de 50% du salaire, ce qui permettrait néanmoins à plusieurs députés de percevoir plus de 10.000 Euros mensuels. Par ailleurs, une Agence indépendante de contrôle des parlementaires pourrait être créée, afin de passer principalement en revue l'utilisation des frais de mandat.
1.200 Euros mensuels supplémentaires pour se loger
Au début du mois de Décembre, un collège de questeurs dirigé par l'élu LREM d'Ille-et-Vilaine Florian Bachelier avait déjà décidé le versement d'une "dotation annuelle globale [d'environ 19.000 Euros par député] pour frais de courrier, de téléphone et de taxi" dès le mois de Janvier.
De même, selon L'Opinion, une enveloppe de 1.200 Euros par mois sera accordée à partir du mois prochain à chaque député pour que l'Assemblée lui rembourse les frais de logement, et lui permette d'un louer un appartement à Paris. Depuis le début de leur mandature, de nombreux élus LREM logent dans des studios mis à leur disposition à l'intérieur même de l'Assemblée Nationale. Ils pourront donc bénéficier désormais d'un pied-à-terre plus confortable. D'autres, présents périodiquement à Paris, préféraient l'hôtel ; jusque là, le Palais Bourbon leur remboursait leurs dépenses dans la limite de 200 Euros par nuit.