Réunis au siège du MEDEF ce jeudi, les partenaires sociaux ont entamé, sous le sceau de la vigilance, les difficiles discussions autour du projet de réforme de l'assurance-chômage voulu par Emmanuel Macron.

L'extension du droit à l'assurance-chômage aux travailleurs indépendants et aux démissionnaires, Emmanuel Macron en a avait fait un des principaux marqueurs de sa campagne en 2017. Désormais, il a donné la charge au patronat et aux syndicats de trouver un terrain d'entente pour apporter des propositions concrètes afin de nourrir son projet pour le moins très ambitieux.

Et pour ce travail de longue haleine, les partenaires sociaux devront se réunir les jeudis de chaque semaine jusqu'au 15 février prochain. Un mois donc, où patronat et syndicats devront ficeler la réforme qui se verra couplée les volets formation professionnelle et apprentissage. Le produit de ces négociations servira par la suite de base au Gouvernement qui se réserve le droit de retenir ce qui lui convient pour le projet de loi à soumettre à l'Assemblée au printemps.

Les Syndicats soulignent déjà leurs inquiétudes sur la réforme

Dès l'entame des discussions ce jeudi, Syndicats et Patronat ont promis de se montrer "vigilants" sur ce dossier ultrasensible. La numéro deux de la CFDT, Véronique Descacq, et le secrétaire confédéral de FO, Michel Beaugas, ont ainsi tenu à interpeller sur le "risque de diminution des droits" pour les chômeurs en forçant maladroitement l'insertion dans l'assiette des indépendants et des démissionnaires comme initialement voulue.

Représentant du MEDEF, le président de l'Unedic, Alexandre Saubot, s'interroge lui sur la nature du nouveau régime à mettre en place, les conditions d'élargissement et le risque qui pourrait peser sur le fragile équilibre de l'actuel système. Une inquiétude également partagée par les Syndicats.

La menace du "bonus-malus" plane toujours

À côté de l'élargissement de la couverture de l'assurance-chômage, le Gouvernement souhaite également mettre un terme à la prolifération des contrats courts en entreprise. Si le principe du bonus-malus est retourné pour l'heure au placard, l'Exécutif affirme être prêt à le remettre sur la table en cas d'absence de propositions concrètes sur la question.

Une perspective qui réjouit le dirigeant de la CGT, Philippe Martinez, tandis qu'elle hérisse le patronat. De son côté, Laurent Berger s'est lui prononcé pour une "cotisation patronale dégressive".

L'enjeu est crucial pour le Gouvernement

Avec un endettement à hauteur de 30 milliards d'euros et un chômage de masse qui perdure, l'Exécutif se trouve confronter à une équation complexe. L'initiative de contrôle des chômeurs défendue par Emmanuel Macron fait déjà grincer des dents dans les Syndicats. L'expérimentation conduite par Pole emploi ne semble pas avoir convaincu Denis Gravouil, le secrétaire général de la CGT Spectacle. À l'origine exclu des discussions comme la question de la gouvernance future du régime de l'assurance-chômage, le sujet polémique pourrait au final être négocié entre partenaires sociaux et Gouvernement. Les débats s'annoncent donc houleux entre des organisations qui ont pris l'habitude de se rejeter les torts.