"Je veux qu'il y ait un contrôle assumé et renforcé des chômeurs", avait déclaré le président de la République Emmanuel Macron lors d'une interview télévisée le 15 Octobre 2017. Pierre Gattaz, président du Medef, le principal syndicat patronal, lui avait emboîté le pas quelques jours plus tard en réclamant un "contrôle journalier" des personnes en situation de Chômage afin que ces dernières cessent de refuser certaines offres dites "raisonnables". Fin Décembre, le Canard Enchaîné se procurait un texte confidentiel écrit par la ministre du Travail, dans lequel Muriel Pénicaud annonçait un durcissement du contrôle des chômeurs à partir de 2018.

C'est dans ce contexte délicat que les représentants des chefs d'entreprise et des salariés se réunissent aujourd'hui 11 Janvier pour évoquer ces questions. Demain, la formation professionnelle et l'apprentissage seront à l'ordre du jour.

Le gouvernement se défend et les syndicats répliquent

A la suite du tollé provoqué par les révélations du Canard Enchaîné, le gouvernement d'Edouard Philippe a bien essayé de se défendre en déclarant que l'objectif n'était pas de sanctionner, mais de détecter "ceux qui se découragent". L'exécutif met également l'accent sur d'autres mesures prévues par la réforme de l'assurance-chômage en préparation. Par exemple, les salariés démissionnaires devraient pouvoir être éligibles aux allocations, alors qu'ils ne l'étaient pas jusqu'à présent.

De même, les indépendants y auront désormais droit.

Alors que le Medef réclame un contrôle plus efficace des chômeurs, les syndicats de salariés sont sur le qui-vive. La CFDT estime que ce n'est pas aux formations représentatives du patronat et des employés de définir une échelle de sanctions, mais au gouvernement. Même son de cloche du côté de la CGT.

Quant à Force Ouvrière, la CFTC et la CFE-CGC, elles reconnaissent que les sanctions à l'égard des demandeurs d'emploi manquent de cohérence, mais refusent leur durcissement. Dans tous les cas, cette réunion des centrales syndicales n'est qu'une consultation pour le gouvernement qui prendra, seul, la décision finale.

Les chiffres de Pôle Emploi

A Pôle Emploi, on confirme que les contrôles des 4 millions de chômeurs français, qu'ils soient indemnisés ou non, sont généralisés et beaucoup plus fréquents depuis deux ans. Les radiations concernent actuellement les demandeurs d'emploi qui sont incapables de justifier d'une recherche active de poste par l'envoi de CV ou la convocation à des entretiens d'embauche. Elles sont également réservées à ceux qui refusent "sans motif légitime et à deux reprises, une offre raisonnable d’emploi" ou de formation, ainsi qu'à ceux qui ne se rendent pas à la convocation de leur conseiller Pôle Emploi. Les radiations vont, selon les cas, de quinze jours à deux mois, mais elle peuvent également être définitives.

Les agents chargés du contrôle des chômeurs sont actuellement au nombre de 200, mais le gouvernement souhaite en désigner 1000. En moyenne, 12.000 vérifications par mois sont réalisées. Pour cela, un premier questionnaire est envoyé en cas de doute sur la situation d'un allocataire. Si les réponses ne conviennent pas à l'administration, ce dernier est radié. A défaut de parler de répression, Pôle Emploi préfère qualifier ces contrôles de "redynamisation" des demandeurs d'emploi.

Sur 270.000 dossiers étudiés, 14% ont été rayés des listes. Parmi ces chômeurs, 20% ont été détectés en situation de "découragement", et ont été à nouveau accompagnés sur le chemin de la recherche d'emploi. Enfin, les abus du système d'allocations-chômage ne représenteraient que 0,4% du nombre total des contrôles.