Après six mois de médiation et des consultation à Matignon en début d'année, Edouard Philippe s'est rendu à Notre-Dame-des-Landes afin de mesurer les attentes vis-à-vis de la décision qui devrait être rendue sur ce dossier à la fin de ce mois.

Il faut dire que Notre-Dame-des-Landes, c'est une affaire vieille de 50 ans. Le projet a été pensé vers la fin des années 60 pour doter le Grand Ouest d'un aéroport capable de supporter l'imposant développement des échanges dans la région. Mais depuis, aucun coup de pioche n'a été donné, tout au contraire, chacun des Gouvernements qui ont siégé en France a préféré éviter de s'engager plus que nécessaire sur ce dossier.

La faute à une rapide politisation des débats. Des discussions sans fin sur qui est pour ou contre le projet se sont rapidement invitées sur la scène médiatique, à un tel point que l'on redoute aujourd'hui de très violents débordements dans la ZAD en cas de passage en force de l'Exécutif. Alors, pour se sortir de ce guet-apens placé sur leur chemin, Emmanuel Macron et Edouard Philippe s'attellent à trouver le bon équilibre entre la prise en considération des avis exprimés et le souci de fermeté de l'Etat face aux troubles d'ordre public. Une démarche qui se sera jusqu'ici avérée étrangement efficace.

Une décision du gouvernement motivée par le souci de bien faire

En rencontrant près d'une centaine d'élus de Loire-Atlantique, de Morbihan, de Mayenne, de Vendée, d'Ille-et-Vilaine et du Maine-et-Loire, le Premier ministre a affiché sa volonté claire d'écouter avant de trancher.

Si certains laissent entendre que la décision du Gouvernement est déjà prise, Edouard Philippe leur a fait jusque-là savoir qu'il n'en était rien. Toutefois, l'ancien maire du Havre assure que quand l'Exécutif s'exprimera sur le sujet, il le verra conformément à "l'exigence de faire" posée par le président de la République depuis le tout début de son quinquennat.

NDDL, un risque politique pour Emmanuel Macron

Le rapport rendu par les médiateurs du projet d'aéroport pointait en décembre deux positions possibles pour le Gouvernement, la construction sur Notre-Dame-des-Landes et l'extension de l'actuel aéroport Nantes-Atlantique. Vue comme une échappatoire politique par certains élus, l'extension de l'aéroport donne déjà le sentiment qu'Emmanuel Macron pourrait faire l'impasse sur une de ses promesses de campagne.

En effet, le fondateur d'En Marche avait assuré durant la campagne qu'il ferait respecter la décision sortie du référendum de 2016. Non négociable sur le fond pour Edouard Philippe, l'évacuation de la ZAD pourrait elle aussi donner lieu à des manifestations violentes. Les zadistes assurent d'ailleurs se préparer, tout comme le Gouvernement.