Après le discours d'Emmanuel Macron sur sa vision de la Corse mercredi dernier à Bastia, les nationalistes de Corsica Libera ont dénoncé trois jours après une position à la fois "haineuse, provocatrice et méprisante".

Il faut dire que pour ce déplacement très attendu sur le territoire insulaire, le président de la République n'aura pas fait dans la langue de bois comme à son habitude. Il s'était engagé à conduire un dialogue débarrassé de "faux-semblant", et s'y est fermement tenu au risque de piquer au vif les esprits. Résultat des courses, les responsables nationalistes de l'île de Beauté se seront sentis une fois de plus humiliés par la condescendance du pouvoir central parisien qu'ils soupçonnent de nourrir des ambitions "néo-colonialistes".

Plus concrètement, Jean-Guy Talamoni a fustigé la comparaison offensante faite par Emmanuel Macron entre les lâches assassins du préfet Erignac et les auteurs des récents actes terroristes commis sur le territoire français. Une position soutenue par le Chef de l'État lors de l'hommage rendu au préfet mardi à Ajaccio et qui aura laissé sans voix les responsables corses.

Les nationalistes n'abandonnent pas leur démarche

Selon Corsica Libera, loin de "l'attitude négationniste" du président Macron sur la "cause corse", la seule façon de tourner la page de ce conflit vieux de plus de 40 ans est de reconnaître son caractère purement politique. Le parti redit donc en ce sens sa ferme volonté de voir s'engager un processus de rapprochement des prisonniers dits " politiques" débouchant à terme sur une amnistie.

Et si Emmanuel Macron a clairement fermé la porte de l'amnistie, il reste disposé à apprécier la question du rapprochement sans plus de détails à l'heure actuelle.

À côté de cela, les nationalistes ne compte pas jeter l'éponge sur la question du statut de résident, alors qu'ils estiment que cela reste un moyen efficace de réserver aux habitants de l'île la primeur du foncier corse.

Corsica Libera nie même l'existence de l'impasse juridique évoqué mercredi par le président de la République. De l'avis du parti indépendantiste, un tel statut existe bien en Europe, aux îles Aland, au Danemark ou à Malte.

Les nationalistes visent l'obtention du pouvoir législatif

Dans l'optique d'équilibrer le rapport de force avec l'État pour les discussions qui vont s'amorcer dans les prochaines semaines sur l'inscription de la Corse dans la Constitution, Jean-Guy Talamoni a appelé le peuple corse à rester mobilisé pour soutenir ses élus.

En ligne mire, les nationalistes souhaitent obtenir un statut particulier pour l'île qui lui octroie le pouvoir législatif, comme c'est le cas pour la Polynésie française. Autant dire que l'affaire n'est pas gagnée d'une part comme de l'autre.