Dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien, Muriel Pénicaud a affirmé ce vendredi que le Gouvernement était en phase avec le texte que lui ont soumis les Syndicats et le patronat sur les questions de l'indemnisation des démissionnaires et des indépendants, mais aussi sur la réduction des contrats courts.
Il faut dire que le dossier était particulièrement sensible. La menace d'une explosion de colère suite à l'accélération des réformes et notamment celle de la SNCF continue de peser au-dessus de l'Exécutif. Laurent Berger avertissait d'ailleurs en début de semaine sur une nécessité pour le Gouvernement de se tenir à l'écoute à défaut de devoir en subir les conséquences.
Une parole qui sera visiblement tombée dans les bonnes oreilles. Le projet, qui sera présenté en conseil des ministres en avril prochain, reste proche des propositions rendues par les partenaires sociaux le 23 février dernier.
Des partenaires sociaux rassurés, mais vigilants
Dans les centrales syndicales, l'annonce de Muriel Pénicaud a été accueillie avec satisfaction. Michel Beaugas, négociateur FO, a ainsi souligné que les partenaires sociaux pouvaient se réjouir que les propositions avancées aient été si largement reprises par le Gouvernement. Pour la numéro 2 de la CFDT, Véronique Descaq, c'est une marque de respectif de l'Exécutif vis-à-vis du travail mené par les Syndicats et le patronat.
Toutefois, pour de nombreux responsables syndicaux, la méfiance est toujours de mise alors qu'arrivent bientôt les orientations sur la réforme de la formation professionnelle. En effet, on craint déjà un big bang en la matière avec entre autres le passage de la collecte de fonds des mains des syndicats et du patronat à celle de l'État.
Ce que le Gouvernement a acté
Dans le détail de la réforme, il est prévu que le démissionnaire pourra présenter à son conseiller un projet professionnel qui, une fois validé, lui donnera droit à six mois d'indemnités. Un contrôle sera alors effectué pour s'assurer des efforts menés sur le dit projet. S'ils sont avérés, celui-ci pourra alors continuer à percevoir de l'argent dans les mêmes conditions de temps et sous le même taux que les autres demandeurs d'emploi.
Quant à la durée d'affiliation, elle sera fixée à cinq ans.
Du côté des indépendants, on se verra désormais allouer une indemnité mensuelle de 800 euros pendant six mois. Une mesure qui vise les personnes ayant mis leur activité en liquidation judiciaire et dont le bénéfice annuel était au minimum de 10 000 euros. Non pris en compte dans cette annonce, les indépendants économiquement dépendants comme les livreurs feront, eux, l'objet de propositions précises dans le texte de loi à soumettre à l'Assemblée en avril. Quant à la limitation des contrats courts, la décision sera tranchée dans les branches en décembre et, à défaut d'un accord, soumise au principe du bonus-malus. D'ici là, Emmanuel Macron devra jouer l'équilibriste pour ne pas voir sa grande marche entravée.