Après de longs jours de débats au cœur de l'hémicycle, la Majorité présidentielle a pu voter le projet de loi Asile et Immigration porté par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb... Une séquence qui aura valu au groupe parlementaire de La République En Marche perdre un de ses députés, opposés à deux des mesures phares.
Il faut dire que les remous n'ont pas manqué de secouer l'ensemble de la classe politique dès l'annonce il y a quelques mois des principaux axes qui soutiennent le projet de loi Asile et immigration porté par le Gouvernement.
Gérard Collomb s'est même longtemps voulu pédagogue sur le sujet, en tentant jusqu'au bout de convaincre sur la nécessité absolue de mettre en œuvre une politique particulièrement responsable.
Hors de question pour l'Exécutif de faire dans la démagogie avec une question aussi brûlante, qui constitue une préoccupation majeure des Français. Le texte a été adopté en première lecture non sans heurts dans la soirée de dimanche avec 228 voix qui se sont prononcées pour, 139 contre, tandis que 24 ont choisi de s'abstenir.
Un sujet qui fâche, même au sein de la majorité
Lors de son interview-débat sur BFMTV avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, Emmanuel Macron avait tenu à rappeler qu'il ne considérait pas les députés de la majorité comme ses commis.
Référence faite ici à leur capacité d'exprimer leur désaccord avec les propositions portées par le gouvernement. Il a, pour ainsi dire, été au mot par le député LREM de la Vienne Jean-Michel Clément qui a voté contre le texte dont il juge qu'il envoie un mauvais signal au monde. Un acte qui a tout de suite été assumé par une prise de congés du groupe LREM à l'Assemblée.
14 autres députés En Marche, ainsi que 8 élus MoDem ont quant à eux préféré marquer leur désaccord par l'abstention. La preuve que le texte a véritablement crispé une partie de l'aile gauche du parti présidentiel, avec notamment deux mesures décriées au PS comme chez les Insoumis. L'allongement à 90 jours de la durée maximale de rétention pour les immigrés en attente d'expulsion et le raccourcissement à 15 jours du délai d'appel pour les déboutés ont ainsi été actés.
Un texte laxiste pour la droite et le FN, répressif pour la gauche
De Marine Le Pen à Laurent Wauquiez, on fustige une loi nulle qui ne résoudra en rien la crise migratoire à laquelle la France doit, de leur avis, faire face. Pour l'ensemble de la gauche, il s'agit plutôt d'une forte régression dans laquelle l'Exécutif entraîne consciemment le pays. Mais le véritable regret pour comme Robert Ménard, c'est de ne pas pourvoir parler du sujet en profondeur. La crainte peut-être de voir apparaître une France pas si accueillante.