Edouard Philippe a rendu vendredi dernier sa copie sur la SNCF, et après de deux mois de vives tensions sur fond de réforme du ferroviaire, certains syndicats affichent de plus en plus la volonté de prendre la porte de sortie ouverte par le gouvernement. Une situation qui devrait mettre à mal l’unité syndicale, mais dont les effets sur le mouvement social restent encore à déterminer.
Il faut dire que les Français viennent de vivre le 12e épisode de la grève perlée initiée en mars par les cheminots contre la réforme voulue par Emmanuel Macron. Une action fermement revendiquée par l’intersyndicale dans l'optique de forcer la main du gouvernement dans la conduite plutôt critiquée de sa transformation de la SNCF.
Et beaucoup se posent à présent la question de savoir comment évoluera la contestation, alors que l'affaire semble pliée pour l'Exécutif. Une interrogation légitime, puisqu'à la CGT, FO et SUD Rail, on avait espéré s'appuyer sur un mouvement des cheminots fort pour donner corps à une convergence des luttes contre Macron.
Ce que le gouvernement a mis sur la table
Mais concrètement, le premier ministre, Édouard Philippe, aura fini de dévoiler ses cartes la semaine dernière. Un engagement fort a ainsi été annoncé pour une reprise de la dette à hauteur de 35 milliards d'euros sur deux ans, à partir de 2020. Un sac à doc social plutôt avantageux a aussi été négocié en faveur des cheminots de la SNCF.
À côté de cela, le cadre de négociations de la convention collective entre les partenaires sociaux a été posé. De même que des garanties ont été apportées sur la non privatisation de l'entreprise publique avec la validation d'amendements au Sénat visant à inscrire dans la loi l'incessibilité des parts de l'État dans le capital de la structure.
Une radicalisation du mouvement qui interroge
Empêtrés depuis plus de deux mois dans cette grève où ils auront engagé leur crédibilité, les syndicats tentent donc aujourd'hui de trouver une voie de sortie honorable au conflit qui les oppose au gouvernement. Mais, avec le profond enracinement du mouvement social, on reconnaît à la CFDT et à l'UNSA que le retour à la normale sera plutôt difficile à obtenir.
À la base, les responsables syndicaux se posent en simples portes-paroles des cheminots grévistes qui, seuls, décident des suites à donner au mouvement en assemblée. Et ceux-ci ne semblent pas vraiment disposer à suite le mot d'ordre de leurs centrales en cas d'appel à mettre fin au conflit. Sur le fond, c'est un retrait pur et simple du pacte ferroviaire qui est en effet visé.