Dans une bataille ardue sur fond de bras de fer politique, les différentes oppositions à l’Assemblée ont acté depuis jeudi une suspension de leur participation aux travaux de la commission d’enquête démarrés samedi dernier. Une situation qui a le don de nourrir un peu plus les tensions autour de la crise politique suscitée par l’affaire Benalla depuis une semaine.

Aucun doute sur le fait que le feuilleton politique de cet été ne semble pas vraiment parti pour s’arrêter d’aussitôt. Le déplacement d’Emmanuel Macron sur ses terres à Bagnères-de-Bigorre, de même que son intervention aux côtés du nouveau premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, devant la presse à Madrid, n'ont visiblement pas encore suffi à calmer l'agitation autour de l'affaire.

Une séquence dans laquelle l’opposition ne manque pas de verser dans les coups d'éclats à l’Assemblée. France insoumise, Républicains, Rassemblement national, Nouvelle Gauche, Parti communiste, et non inscrits ont acté une mise à l'écart temporaire de leurs contributions en commission. Objectif affiché, imposer aux députés LaRem un nouveau calendrier d’auditions.

L’Elysée sur le gril

Pour le député de La France insoumise, Eric Coquerel, il paraît évident que l’Elysée est à mettre en cause tout au long de cette affaire. Impossible, selon l’élu de Seine-Saint-Denis que les actions des agents de police, pointés du doigt sur ce dossier, aient pu être le fruit de leurs initiatives personnelles. Le RN et sa présidente Marine Le Pen continuent d’ailleurs de camper sur leur idée d’une police parallèle créée au plus haut sommet de l’Etat.

Quant au député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, la volonté de l’Exécutif de circonscrire cette crise à des défaillances policières est scandaleuse. Le dépôt d’une motion de censure du gouvernement a été acté par le groupe LR à l’Assemblée, peu après la suspension de toute participation à la commission d’enquête du co-rapporteur, Guillaume Larrivé.

Objectif affiché, contraindre Edouard Philippe à s’expliquer de l'affaire devant les députés.

La majorité fustige l'opposition

Pas question toutefois au sein de la majorité de laisser les oppositions transformer l'Assemblée en tribunal politique. La présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet, estime en effet que les auditions menées jusqu’à présent ont permis à tout un chacun de se faire une idée des faits.

L’étalage des auditions dans le temps ne lui sera pas vraiment paru pertinent.

Une décision que regrettent certains députés MoDem qui avaient espéré permettre à cette initiative de faire pleinement éclater toute la vérité. Si quelques zones d’ombre subsistent, elles pourront toutefois ne trouver réponse qu’à la lumière de l’information judiciaire ouverte par le parquet. Le feuilleton semble donc bien partie pour empoisonner l'Exécutif durant un moment.