Souvent critiqué par les associations d'élus, Emmanuel Macron a choisi de troquer la verticalité du pouvoir pour le dialogue, lors d'un long échange avec près 2000 maires invités mercredi soir à l'Elysée. Le président de la République a notamment joué sur un ton plus cordial et une forme beaucoup moins rigide, afin de rassurer des élus ulcérés.

Il faut toutefois noter que la soirée avait bien mal commencé avec quarante-cinq minutes de retard pour une réception censée faire la promotion de la considération désormais portée par le chef de l'Etat aux élus.

Un retard mis au compte d'un «bon débat» avec les dirigeants de l’Association des maires de France (AMF), et qui aura d'ailleurs été oublié à la sortie d'Emmanuel Macron sous une salve d'applaudissements après un face-à-face haletant avec les élus.

Plus au contact des maires

Pour l'essentiel, le président de la République a introduit la soirée par un court propos visant à partager avec les maires sa vision de leur relation future, avant de se plier à une longue séance de questions-réponses. Et il faut dire qu'Emmanuel Macron s'est laissé prendre au jeu, validant ici l'idée d'installer en région la future Agence de la cohésion des territoires, reconnaissant là la nécessité de retoucher certaines intercommunalités, contraignantes pour les petits maires.

Le chef de l'Etat a pour ainsi dire tenté, du mieux possible, d'apporter des réponses aux préoccupations que vivent parfois depuis des années un certain nombre d'élus locaux. Interpellé sur certaines attaques subies par les maires, Emmanuel Macron a assuré «l’intransigeance» de l'Etat vis-à-vis des coupables. L'occasion pour lui d'apporter son soutien aux élus de la Réunion durement touchés par les violences depuis le début du mouvement des "Gilets jaunes".

Fuir la démagogie et la fascination morbide pour la colère

Démultipliant les sourires et se montrant disposé à être «irrigué par l’expérience des territoires», Emmanuel Macron a affiché une volonté nette de se réconcilier avec les élus de terrain à un moment décisif de son quinquennat.

Il le consent, un changement de méthode est impératif entre l'Etat et les collectivités. Et donc, à l'excès de «verticalité» qui lui est trop souvent reproché, le locataire de l'Elysée propose de «définir beaucoup plus ensemble les solutions».

Plus de contournement de l’AMF donc, mais la promesse de remettre les élus locaux au centre du jeu. Une réflexion est en cours pour revisiter la fiscalité locale d'ici à juin 2019, de même qu'il n'est pas exclu l'idée d'une refonte des règles de la dotation globale de fonctionnement versée aux collectivités. Bien sûr, dans une pensée aux "Gilets jaunes", le chef de l'Etat a réaffirmé «entendre les colères», loin de la "fascination morbide" de certains pour ce qui ne marche pas.