Edouard Philippe a reçu ce vendredi deux des huit anciens porte-paroles des "gilets jaunes" auto-clamés membres de la "délégation officielle" du mouvement appuyé depuis deux semaines par la sympathie des Français sur fond d'exaspération fiscale. Un premier pas mitigé vers le dialogue, mais dont le Premier ministre a clairement préféré saluer l'ouverture à Matignon.
Il faut dire que, pour certains observateurs, l'opération ressemble déjà à un véritable camouflet pour l'exécutif ! Le chef du gouvernement avait espéré par son appel au dialogue et à la prise en compte de l'avis de représentants des "gilets jaunes" réussir à ouvrir la voie à une retombée progressive de la grogne : un objectif très loin d'être atteint même si, à Matignon, on reste confiant.
Une rencontre pour la forme
Dans le détail, un seul des représentants entrera dans le vif des discussions avec le chef du gouvernement accompagné de François De Rugy. Ancien porte-parole du mouvement, M. Herbert se sera en effet contenté de faire acte de présence : une présentation formelle et l'expression de son regret de se voir refuser la diffusion en direct des échanges, avant de reprendre la porte de sortie.
Quant au deuxième porte-parole reçu, son identité n'a pas été communiquée pour des questions de sécurité, des menaces ayant été portées à leur encontre. Le locataire de Matignon laissera tout simplement entendre que le débat aura été intéressant avec le seul "gilet jaune" ayant accepté de discuter avec lui.
Pour la suite, il a rappelé qu'il gardait sa porte ouverte pour répondre à toutes les sollicitations d'une représentation légitime du mouvement.
Les appels à manifester maintenus
Concrètement, si le Premier ministre a affiché sa confiance quant à la possibilité d'une sortie de crise, l'exécutif ne semble pas vraiment plus avancé qu'avant la tenue de la rencontre.
Du côté des "gilets jaunes", on continue en effet de diffuser au maximum les mots d'ordre pour une manifestation d'ampleur sur les Champs-Elysées samedi, une situation que craignent assez fortement les entreprises riveraines durement impactées le week-end dernier.
Pour sa part, Christophe Castaner a, de nouveau, indiqué ce matin qu'aucun débordement ni aucune violence ne serait tolérés à Paris, mais aussi sur l'ensemble du territoire national.
Le ministre de l'Intérieur est sur le qui vive pour un événement dont la configuration rend le maintien de l'ordre difficile et risqué. Dans la capitale, c'est un dispositif tout à fait exceptionnel qui est en préparation, entre des barrages filtrants et le déploiement de près de 4000 forces de l'ordre.