Depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", Emmanuel Macron et Édouard Philippe sont officiellement sur la même longueur d'ondes. Mais depuis dimanche dernier et le rejet maladroit de la proposition d'un pacte social par le patron de la CFDT, Laurent Berger, le Premier ministre est au centre des critiques de la majorité pour sa posture.
Il faut dire que si le président de la République et le Premier ministre restent assez clairement en phase sur le fond du dossier, on s'inquiète à l'Elysée du style Édouard Philippe un peu trop "droit dans ses bottes" : une inquiétude tout aussi partagée par les députés de la République En Marche nettement chahutés depuis le début de la mobilisation le 17 novembre dernier.
Des députés agacés
Pour un poids lourd de la majorité qui faisait entendre sa voix dans le JDD le week-end dernier, Edouard Philippe serait même bien plus "sourd" qu'à son temps Alain Juppé : une situation qui n'arrange absolument rien aux tensions, alors que l'Elysée tente désespérément de trouver des solutions pour une sortie de crise.
Ne rien céder à l'intransigeance de Matignon et Bercy, c'est en tout cas ce qu'avait rappelé François Bayrou en suggérant l'idée de la taxe flottante sur les carburants. Du côté de l'entourage de l'ancien maire du Havre, on regrette toutefois qu'après les piques contre le cabinet du Premier ministre, ce soit désormais lui qui est visé par les élus de la majorité.
Plus facile, estime-t-on, que de s'en prendre directement au chef de l'Etat. Le locataire de Matignon joue en tout cas sa partition en remontant très sévèrement les bretelles de ses troupes qu'il juge trop peu présentes sur le terrain pour défendre la politique du gouvernement.
Une rétropédalage à l'oeuvre
Suite au discours d'Emmanuel Macron prononcé mardi face aux différents représentants de la nation, c'est tout de même un virage qui a été abordé par le chef du gouvernement sur la méthode : moins de rigidité sauf quand il s'agit de condamner les débordements, mais surtout plus d'écoute comme sur la main tendue ce vendredi pour un dialogue direct avec les "gilets jaunes" à Matignon.
Un dialogue boycotté par les représentants du mouvement qui y étaient conviés. Pour sûr, l'exécutif n'a pas encore fini de passer un mauvais moment, avec un appel à manifester samedi qui devrait être largement suivi par les Français. Déployés sur le terrain pour tenter de calmer la grogne en recueillant le ressenti des "gilets jaunes", les marcheurs espèrent rapidement voir arriver des gestes significatifs du gouvernement. A charge pour celui dont certains continuent de se méfier dans la majorité de ne plus se fermer à la discussion.