Dans un entretien à L'Express, Philippe Hababou Solomon a donné le détail des activités menées par Alexandre Benalla pour son compte ces deux derniers mois. Présenté par beaucoup tel un "vieux routier des sentiers africains", il assure notamment que le Quai d'Orsay devait être avisé toutes les fois que l'ancien chargé de missions élyséen s'est servi de ses passeports diplomatiques.
Il faut dire que l'acte II de l'affaire Benalla provoque de nouveaux remous au sommet de l'Etat ! Le ministère des Affaires étrangères a saisi le parquet de Paris qui a ouvert dès samedi une enquête préliminaire visant Alexandre Benalla sur fond d'abus de confiance, alors qu'il est soupçonné d'avoir fait usage de deux passeports diplomatiques lors de déplacements à l'étranger.
Et pourtant, devant la commission d'enquête du Sénat, celui que la presse surnomme "Monsieur Sécurité" d'Emmanuel Macron avait assuré avoir laissé sur son lieu de travail lesdits documents ! Une situation qui jette un peu plus le trouble sur l'exécutif déjà mal en point avec la crise des "gilets jaunes".
Benalla, un simple assistant
Si depuis son licenciement de l'Elysée, Alexandre Benalla envisageait de basculer dans le consulting, Philippe Hababou Solomon explique l'avoir employé comme un assistant sur lequel il pouvait faire reposer le suivi de certaines affaires courantes dans le monde. Les deux hommes ont, pour ainsi dire, effectué deux tournées, avant les révélations de la presse.
Une sur des questions de cybersécurité en Turquie et en Israël vers la mi-novembre, dans le cortège d’une délégation indonésienne.
Et une autre en Afrique au début du mois de décembre, au sein d'une délégation turque. Cameroun, Congo, Tchad ont été les points de chute des deux hommes avec, à l'ordre du jour, des discussions sur le textile, les uniformes, l’électricité.
Interpellé sur l'utilisation de passeports diplomatiques à l'occasion de ces voyages, alors qu'Alexandre Benalla assurait les avoir rendus à son départ de l'Elysée, l'homme d'affaires franco-israélien note que les autorités auraient dû être informées à chaque fois ceux-ci passaient une frontière !
Il estime donc que l'absence de réaction du Quai d’Orsay avait valeur d'approbation tacite.
Des contacts avec sa bande à l'Elysée
Bien sûr, pour ne rien arranger, Alexandre Benalla a assuré qu'il continuait à échanger assez régulièrement avec des membres de la présidence, en réponse à la demande d'explication du directeur de cabinet de l'Elysée Patrick Strzoda.
Une version confirmée par Philippe Solomon qui n'a pas manqué de souligner son sentiment qu'il pouvait échanger avec le président en personne.
Et s'il admet que le jeune homme ne s'est jamais vanté d'officier dans l'ombre pour le compte d'Emmanuel Macron, le vieux routier des sentiers africains laisse entendre qu'il lui arrivait de faire des petits rapports, sans toutefois pouvoir en préciser la destination. Pour sûr, l'affaire est partie pour embarrasser durablement l'exécutif alors qu'il tente de trouver un moyen de rebondir.