Emmanuel Macron l'assure, il n'a pas encore la réponse qu'il apportera à la crise des Gilets jaunes. En déplacement en Egypte, le chef de l'Etat a laissé entendre dimanche qu'il attendait beaucoup du Grand débat lancé depuis deux semaines pour le mettre sur la voie. Pas question donc de céder une nouvelle fois à la pression de l'urgence.

Il faut dire qu'avec l'engouement citoyen autour de la vaste consultation organisée sur l'ensemble du territoire national, l'exécutif est sous la pression de résultats probants. Le président de la République n'a d'ailleurs de cesse de le redire : il tirera toutes les conséquences qui s'imposent d'ici au courant du mois d'avril où il est censé répondre devant les Français des résultats de son initiative.

Une grande inconnue pour Macron

En effet, si l'exécutif pouvait se réjouir dimanche de la marche républicaine organisée à Paris par le mouvement des Foulards rouges, à l'Elysée tout comme à Matignon, on sait que le plus dur reste devant. Les échanges mielleux devant les maires et les citoyens, ou encore les belles cartes postales de membres du gouvernement au travail ne suffiront pas, cette fois, à faire passer la crise.

C'est en tout cas un état de fait qu'Emmanuel Macron a reconnu sans détour face la presse en Egypte dimanche. Le chef de l'Etat a d'ailleurs eu la très commune expression, « je marche sur la glace » pour illustrer la situation qui couve dans la société française. Une façon pour lui de faire comprendre qu'il prend la pleine mesure de ce qui se joue contrairement à ce que pourraient en penser ses opposants politiques.

L'insatisfaction économique, sociale et démocratique, il la sent monter et espère que le Grand débat national, qui connaît un démarrage prometteur avec quelques 300 mille contributions en ligne, pourra lui donner de construire une nouvelle étape de la transformation de la France. En charge de l'animation des échanges sur le terrain, les ministres Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon rencontreront d'ailleurs les cinq garants pour évoquer collégialement les modalités de la restitution du Grand débat.

Rester vigilants face à la colère légitime

L'atmosphère est d'ailleurs tellement tendue, que le locataire de l'Elysée a bien failli reporter à plus tard ce déplacement à la rencontre de son homologue égyptien sans des garanties d'une évolution claire de celui-ci sur le respect des droits de l'homme. Un malaise parfaitement assumé du côté de Matignon comme une forme de vigilance malgré un léger effritement de la mobilisation pour l’acte XI.

Selon un proche d'Emmanuel Macron, si la volonté populaire d'une action du pouvoir est vivement perceptible, la mise en oeuvre d'une quelconque initiative, alors que les discussions sont en cours, serait contre-productive. Et c'est dans cette vision que s'inscrivent les membres du gouvernement au premier rang desquels Edouard Philippe.

Le chef du gouvernement devrait multiplier les déplacements sur le terrain dans les prochaines semaines pour aller à la rencontre des citoyens modestes ou non, dans des villes ou en campagne ; et cela sous le couvert des caméras ou non. Après la Normandie, l'Occitanie et la région Auvergne-Rhône-Alpes, le président de la République effectuera quant à lui un nouveau déplacement jeudi, à la veille de son entretien avec les maires d’Outre-mer attendus à l'Elysée.