Depuis le début de l'année, l'affaire Benalla ne cesse de livrer son lot de rebondissements. Avec la réquisition des juges d'instruction en charge du dossier, Mediapart a transmis à la justice sept enregistrements qui mettraient en cause l'ancien chargé de missions de l'Elysée. Des bandes sonores dont une inédite, qui pourraient lever le voile sur une partie du mystère qui agite l'exécutif.

Il faut dire que depuis les révélations de son voyage au Tchad trois semaines avant le déplacement d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla est de retour dans l'oeil du cyclone de la presse.

Détention et utilisation illicite de passeports diplomatiques, mise en place d'activités parallèles alors qu'il travaillait au palais, difficile de dire jusqu'où le "Monsieur Sécurité" du candidat sera allé.

Une violation de son contrôle judiciaire

Réalisés le 26 juillet 2018 à l'occasion d'une rencontre entre Benalla et son ancien instructeur Vincent Crase, les enregistrements détenus par Mediapart apportent tout de même leur part de vérité ! En pleine violation des conditions de leur contrôle judiciaire, les deux hommes y affichent leur intention d'effacer de leurs téléphones tous les documents qui pourraient les compromettre.

Dans l'une des bandes du dossier, on peut notamment y suivre l'ancien responsable de la sécurité de LaREM échanger avec Benalla au sujet de leurs gardes à vue respectives.

Il note même que la police n'aura pas réussi à tirer des éléments de son téléphone parce qu'il jouait le jeu subtile de l'allumer et de l'éteindre en permanence. Par ailleurs, les agents en charge de l'enquête lui auraient manifesté leur mal-être de le mettre dans cette position.

La volonté de "faire le ménage"

Pour sûr, lors de cette rencontre organisée, le tandem évoque clairement l'idée d'aller au plus vite "faire le ménage" au siège de La République En Marche.

Vincent Crase explique en effet à Alexandre Benalla que ses affaires se trouveraient encore dans les locaux du parti, tout en assurant qu'il y serait bien allé durant la nuit s'il n'y avait pas eu de surveillance policière.

La situation n'arrange rien au fait qu'un autre extrait audio livre des discussions entre les deux hommes sur le contrat signé avec un oligarque russe proche de Poutine.

Des faits en contradiction totale avec les déclarations en auditions devant la Commission d'enquête du Sénat. Mediapart assure même pour sa part que les deux acolytes ont songé à échanger via les "brouillons" d'une boîte mail dormante. De quoi nourrir encore longtemps le soupçon autour de l'affaire.