Alain Juppé ne sera plus le maire de Bordeaux d'ici quelques semaines. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac en a fait l'annonce officielle depuis le Palais-Rohan ce jeudi matin. Peiné par la montée des violences qui perturbent l'animation du débat public, il a assumé dans son discours, devant la presse, de quitter sa ville pour retrouver la sérénité du Conseil constitutionnel.

Il faut dire que la nouvelle est tombée mercredi comme un coup de tonnerre pour l'ensemble de la classe politique, mais aussi pour une partie de son entourage qui n'était pas dans la confidence.

Après avoir beaucoup apporté au développement de la ville, beaucoup imaginaient déjà l'édile porter à nouveau les gants pour la bataille des municipales de 2020 qui s'annonce à grands pas.

C’est en tout cas avec énormément d'émotion que le politicien de 73 ans a fait ses adieux devant une foule de journalistes venue immortaliser l'instant. Durant sa conférence de presse de quelques minutes, Alain Juppé est notamment revenu, au bord des larmes, sur les raisons qui l'ont conduit à saisir la proposition faite à lui par Richard Ferrand d'intégrer les rangs du Conseil constitutionnel.

La vie publique désormais trop brutale

La décision d’entrer au numéro 2 de la rue de Montpensier, Alain Juppé l'assure, il l'a prise en tout juste 24 heures.

Il admet volontiers que depuis quelques semaines il s'était fixé de ne pas courir derrière un nouveau mandat de crainte que ce dernier ne soit celui de trop : l'ancien Premier ministre prévoyait d'ailleurs l'annoncer après l'échéance européenne qui se profile.

Et s'il assume sa fierté pour le travail accompli à Bordeaux, Alain Juppé ne manque pas de reconnaître une certaine lassitude vis-à-vis de la vie politique.

Le combat des idées, il a assuré l'avoir mené avec passion pendant plus de 40 ans, avant de voir l'envie s'estomper au fur et à mesure que le contexte évoluait. L'édile fustige désormais une sphère publique devenue délétère, appelant à la violence et jetant en permanence le discrédit sur des hommes et des femmes politiques réputés "tous pourris".

Un climat de mensonges véhiculé par les réseaux sociaux qui le poussent à vouloir poursuivre son sacerdoce dans "un climat plus serein".

Pas de successeur attitré

Evoquant par la suite les temps forts de sa carrière bordelaise, Alain Juppé n'a pas manqué de se souvenir de sa toute première élection à la tête de la mairie : le 18 juin 1995, où il avait succédé à une autre figure très illustre de la ville, Jacques Chaban-Delmas ! Après un peu moins de 24 ans d'animation de la vie locale, c'est donc une page de la politique française qui se tourne.

Concernant son successeur, le maire de Bordeaux a tenu à rappeler à la presse que nous n’étions "pas en monarchie", pour qu'il soit le fruit de sa seule décision.

Il a tout simplement renvoyé à un rendez-vous avec les élus du Conseil municipal dans la matinée de samedi afin de décider de la suite à donner aux événements. Selon toute vraisemblance, le choix pourrait être porté sur son très proche Nicolas Florian. Toutefois, certains invoquent déjà le nom d'Edouard Philippe. Fils spirituel d’Alain Juppé, l'actuel locataire de Matignon s'est en tout cas refusé à tout commentaire, esquissant tout simplement un large sourire.