Malgré une mobilisation à la baisse samedi, 28 600 manifestants selon les chiffres de la police, les Gilets jaunes ont tenu à marquer la rue de leur présence pour l'acte XVII du mouvement. Dans le même temps, France Info rendait public un sondage réalisé par ViaVoice sur le ressenti des Français quant à la couverture médiatique des manifestations depuis le 17 novembre. Le résultat est sans appel, plus d'une personne sur deux jugent les médias à côté de la plaque.
Il faut dire qu'entre les nombreuses scènes de violences passées en boucle sur les chaînes d'information et le top show de certains représentants de Gilets jaunes sur les plateaux de télévision, les Français se disent mécontents !
La confirmation peut-être du défouloir grandissant d'insultes et d'attaques dont les journalistes ont été victimes en marge du mouvement ces quatre derniers mois.
Une couverture inégale selon les Français
Toutefois, s'ils sont 53% à penser que les journaux ont affiché une image imprécise des Gilets jaunes, les raisons de ce désaveu apparaissent multiples et contradictoires. Au centre de toutes les critiques, on retrouve principalement la mise à l'écart de "certains aspects du mouvement", mais aussi la répartition du temps de parole entre les manifestants, l'opposition, les experts et l'exécutif.
Parmi les leçons tirées de l'enquête ViaVoice, notons toutefois que le ressenti apparaît très divisé selon le milieu social des sondés.
Sur les 35% d'individus qui estiment que le pouvoir a eu un temps de parole trop important, la moitié sont des employés ou des ouvriers ! Dans l'autre sens, ils sont deux sur dix, dont 28% des cadres et des intellectuels établis en région parisienne, qui pensent que les manifestants n'auraient pas dû être autant interrogés.
Pour le reste, 36% affichent leur satisfaction vis-à-vis du travail des journalistes, estimant que la contestation a bien été couverte avec des vues diverses sur le mouvement, mais aussi un partage plutôt équitable de la parole.
Le sensationnel en catalyseur des critiques
Mais encore, dans le sondage réalisé avec le Journal du dimanche (JDD) et Radio France, on aura pu dégager les critiques les plus brûlantes qui sont adressées à l'endroit des médias.
Au premier rang à 77% chez les sondés, on déplore le fait que les médias s'attachent à toujours mettre en avant dans leurs diffusions les informations sensationnelles ou la violence.
Viennent ensuite la critique autour du partage du temps de parole décrié par pas de moins de 72% de Français, mais aussi l’influence des grands patrons sur les contenus de leurs médias qui se classe en troisième position à 70% ! Néanmoins, face à la question de la déconnexion des journalistes par rapport aux réalités de terrain, 46% des personnes interrogées répondent "non".
Une position flatteuse, même si 43% de sondés sont en accord avec cette affirmation, dont une bonne moitié est installée en zone rurale. Petite pointe d'encouragement, 77% des Français considèrent qu'il est inadmissible de violenter des journalistes à cause de leur travail, même si pour 15%, il y a une certaine forme de compréhension vis-à-vis des manifestants qui peuvent s'y prêter.