L'Elysée a annoncé ce jeudi 4 avril que trois des proches collaborateurs du président de la République Emmanuel Macron ont été invités à se présenter devant la justice pour s'expliquer. En cause, les conditions dans lesquelles Alexandre Benalla a pu disposer de passeports diplomatiques et en faire usage sans être inquiéter par les autorités. La séquence promet déjà d'ouvrir un nouvel épisode sur le feuilleton en cours depuis l'été dernier. De quoi plonger dans la tourmente Alexis Kohler, Patrick Strzoda, ainsi que François-Xavier Lauch.
Des convocations ont été remises au secrétaire général de l'Elysée et au directeur de cabinet du Président en qualité de témoins, pendant que le chef de cabinet présidentiel s'est, lui, vu appeler au titre de partie civile.
L'invitation des juges en charge du dossier porte essentiellement sur l'un des chapitres de la tentaculaire Affaire Benalla. Celui des passeports dont la presse révélait encore en fin décembre dernier qu'ils étaient restés en possession de l'ancien collaborateur élyséen malgré son licenciement survenu quelques mois plus tôt.
Usage indu de passeports diplomatiques
Alexandre Benalla est sous la menace de la justice pour avoir tout bonnement fait usage de passeports diplomatiques en dehors de toute règle légale. Il est d'ailleurs, depuis le 18 janvier dernier, mis en examen dans ce cadre précis avec les révélations de l'affaire suite à un de ses déplacements au Tchad. Les juges veulent savoir comment l'ancien chargé de mission a réussi à obtenir ses documents, ainsi que l'utilisation qu'il a pu en faire depuis le mois de juillet 2018.
La période correspond à son licenciement de l'Elysée, moment à partir duquel il aura du rendre tous les outils professionnels à sa disposition. C'est là l'incompréhension qui flotte au sein la classe politique où les uns et les autres ne manquent plus de décrier un amateurisme de l'exécutif. Amateurisme dont on se défend à la présidence avec la mise en route d'une vaste réorganisation des services qui débouchent depuis peu sur des départs surprenants.
Des versions d'Alexandre Benalla qui interrogent
Pour rappel, l'intéressé avait assuré en septembre, lors sa première audition devant la commission d'enquête du Sénat, avoir laissé les-dits passeports dans son bureau à l'Elysée : version qu'il complétera en janvier, en notant cette fois les avoir récupéré, au courant du mois d'octobre, des mains d'un membre de la présidence dont l'identité reste à ce jour inconnue !
Il s'excusera même de s'être laissé tenter à les utiliser dans le cadre de son tout nouveau travail.
En face du président Philippe Bas et aux deux co-rapporteurs de la Commission sénatoriale le 16 janvier dernier, le directeur de cabinet de la présidence Patrick Strzoda a pour sa part révélé qu'Alexandre Benalla avait fait usage à une vingtaine de reprises de ses passeports diplomatiques depuis le jour de son licenciement. Une situation qui ne manque pas de faire bondir au sein de l'opposition où on semble se délecter des déboires d'Emmanuel Macron.