Le compte rendu du Grand Débat national dessine plusieurs tendances fortes. "Quatre grands axes" d'après le Premier ministre Edouard Philippe, qui présentait lundi 8 avril au Grand Palais, à Paris, les premières conclusions de cette consultation inédite.
- 1. Baisse des impôts
- 2. Environnement et urgence climatique
- 3. Réforme des institutions et exigence démocratique
- 4. Plus de proximité face au sentiment l'isolement
Il faut noter que les sujets de l'immigration, de l'éducation, du nucléaire ou encore de la dépénalisation du cannabis n'ont pratiquement pas été cités dans ces premières synthèses.
Selon les chiffres officiels, en trois mois, 1,5 million de Français ont participé au Grand débat national lors, entre autres, de 10 000 réunions d'initiatives locales. Toujours selon le gouvernement, c'est 1,9 million de contributions qui ont été enregistrées sur la plateforme mise à disposition des citoyens par l'Etat.
"Ces réunions ont fait honneur à leurs participants, ont fait honneur à notre pays, honneur au débat démocratique", s'est félicité Edouard Philippe.
On ignore toujours, à ce jour, la méthodologie adoptée par le gouvernement pour traiter les contributions de cette consultation démocratique. Une analyse complète des critères retenus du Grand débat ne devrait être révélée qu'à l'été 2019.
En attendant, universitaires et initiatives citoyennes se sont d'ores et déjà organisés pour livrer de leur côté une synthèse de la consultation.
"Il n'y a pas une lecture officielle du grand débat", il y a "des données disponibles pour tous ceux qui le veulent aussi longtemps que nécessaire", a précisé le Premier ministre.
1. Baisse des impôts
Au Grand Palais, un bilan provisoire des débats suivi d'un discours du Premier ministre ont dégagé d'importants consensus. Dans le cadre d'une plus grande justice fiscale, la baisse des impôts est la demande la plus exprimée dans les questionnaires notamment, mais aussi dans les cahiers de doléances, les courriers et réunions d'initiatives.
Trois baisses d'impôts ont ainsi été évoquées : la TVA, l'impôt sur le revenu et les impôts locaux.
"Notre pays a atteint une sorte de tolérance fiscale zéro. Nous devons baisser et baisser plus vite les impôts. Mais on ne peut pas baisser les impôts sans baisser la dépense publique."
Sur la dépense publique, les contributions font apparaître une volonté de réduction du train de vie de l'Etat ainsi qu'une lutte accrue contre le gaspillage d'argent public. Le secteur de la Défense apparaît comme le seul poste pour lequel les Français sont prêts à moins dépenser, tandis qu'ils souhaitent payer davantage d'impôts pour le secteur de la Santé.
Notre pays a atteint aujourd’hui une sorte de tolérance fiscale zéro. Les débats nous indiquent clairement la direction à prendre : nous devons baisser, et baisser plus vite, les impôts. #GrandDébat #ParolesdeFrançais pic.twitter.com/Gp01wbYW7O
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 8 avril 2019
2. Urgence climatique
Le Premier ministre a par ailleurs souligné et salué la conscience environnementale des citoyens Français.
"Les Français savent que ce qui se joue en ce moment est essentiel. Ils nous disent qu'ils sont prêts à changer de comportement." Mais parallèlement, les organisateurs du Grand débat ont noté une défiance à l'égard d'une fiscalité écologique, notamment sur le potentiel retour de la taxe carbone supprimée en 2019.
#GrandDébat : les Français ne sont pas climato-sceptiques. Changer de comportement, oui. En revanche, ils ne veulent plus que des taxes leur dictent ce qu’ils doivent faire. pic.twitter.com/btRMVWCAV2
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 8 avril 2019
3. Réforme des institutions
Concernant les exigences démocratiques, 80 % des contributeurs sont favorables au référendum local et 53% pour son usage national.
Egalement, 74% souhaitent une dose de proportionnelle à l'Assemblée nationale. "Il faut construire une démocratie plus délibérative, une démocratie participative au long cours", analysait Edouard Philippe au Grand Palais.
Certains annonçaient l’avènement d’une forme de démocratie directe et médiatique permanente. Ce n’est pas ce que les Français veulent. Ils veulent une démocratie plus représentative, plus transparente, plus efficace. #GrandDébat #ParolesdeFrançais https://t.co/tIf7sEVU2D
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 8 avril 2019
4. Proximité
Quant au sentiment d'isolement, d'abandon de l'Etat, le Premier ministre a livré ses propres expériences et témoignages afin d'illustrer le malaise : "L'isolement, l'abandon, l'indifférence, le manque d’attention, de considération." "Nous vivons dans un pays où on ne se voit plus, on ne se parle plus", a-t-il regretté.
Et de poursuivre : "il faut adapter nos services publics pour qu’ils redeviennent des services de contact et pas uniquement numériques".
Nous vivons dans un pays où, à certains endroits, on ne se voit plus et on ne se parle plus. Et quand le service public ferme ou déménage, c’est l’Etat – le dernier rempart - qui abandonne aussi. #GrandDébat #ParolesdeFrançais pic.twitter.com/pIJQzzQ02B
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 8 avril 2019