Au bout des deux mois et demi de discussions qui ont invité les Français à prendre la parole pour faire valoir leurs propositions, voici désormais l'exécutif à l'heure de faire des choix. Ce lundi 8 avril, Edouard Philippe assistera à la "restitution" du Grand débat au Grand Palais à Paris. Une séquence retransmise en direct entre 9h et 12h30 selon le protocole arrêté par le gouvernement. Il s'agira de faire le point sur les attentes des Français avant un discours d'Emmanuel Macron prévu à la mi-avril sur les propositions retenues par l'exécutif.
Pour mémoire, ce sont plus de 1.8 million de contributions qui ont été enregistrées sur le site dédié à l'exercice, 16.000 cahiers de doléances ont été déposés en mairie et dans des permanences d'élus, et plus de 10.000 réunions publiques se sont tenues sur l'ensemble du territoire national. De son côté, Emmanuel Macron aura fait son tour de France et partagé avec les maires et leurs administrés pendant 92 heures et 40 minutes de débats souvent houleux. Une séquence inédite qui aura permis au chef de l'Etat de reprendre la main sur la crise.
Edouard Philippe en chef d'orchestre
Ce sont Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu qui ouvriront ce lundi les 3 heures 30 minutes de "restitution" du Grand débat.
Les deux ministres qui ont animé ces dernières semaines les débats, auront pour rôle de cadrer la rencontre avec une prise de parole de quinze minutes pour chacun. Ce sera ensuite à deux des cinq "garants" de la transparence et de l'impartialité de l'exercice de noter les règles qui ont prévalu durant ce vaste chantier de discussions : Isabelle Falque-Pierrotin, ancienne présidente de la Cnil, et Guy Canivet, magistrat.
De l'institut de sondage OpinionWay au cabinet Roland Berger, en passant par les fondations Res Publica et Missions Publiques, les organismes chargés de collecter les propositions des Français, présenteront les 1500 pages de synthèse qui ont livré les grandes tendances qui émergent. Ils seront 500 à assister à ce compte rendu, dont une bonne partie des membres du gouvernement, des citoyens tirés au sort, des représentants associatifs, des élus locaux, de même que des directeurs d’administration appelés à mettre en oeuvre les décisions.
Quelques surprises au rendez-vous
Selon les informations disponible chez Ouest France, le détail des propositions avancées par les citoyens devrait concerner l'épineuse question fiscale, mais aussi le mille feuilles des services publics, le pouvoir d'achat des Français, l'accès aux soins, ainsi que l'éducation. En coulisses, certains ont notamment exprimé le besoin d'une TVA à taux zéro sur les produits dits "de première nécessité", d'une baisse des impôts ou encore d'un rétablissement de l'ISF.
Un conseiller ministériel souligne que si quelques faits sont marquants, de nombreux sujets laissent apparaître une grande disparité d'opinions. Pas d'évidence donc sur l'arrêt des 80 km/h, mais aussi sur la possibilité de mettre en oeuvre le RIC comme le notaient déjà certains en décembre.
Le chef du gouvernement conclura la présentation autour de midi, avec un discours prévu pour 45 minutes. Pour Matignon, il s'agira de mettre en avant "la parole des Français" dans sa grande diversité, mais aussi dans son incroyable complexité.
Vaincre le scepticisme de l'opinion
Mardi, Edouard Philippe présentera à nouveau le compte-rendu du Grand débat face à l’Assemblée nationale, puis mercredi après-midi devant les sénateurs. Le Premier ministre mettra ainsi un terme au Grand débat national lancé à mi-janvier par le chef de l'Etat. Objectif affiché, tout d'abord dire ce qui est retenu de la parole exprimée par les Français, et ensuite présenter la façon dont le gouvernement envisage de répondre aux nombreuses attentes des citoyens.
Pour le patron des députés LaREM Gilles Le Gendre, cette dernière étape aura ainsi à coeur de préparer le terrain aux annonces d'Emmanuel Macron. Dans sa prise de parole qui devrait intervenir à la mi-avril, le président de la République devrait ainsi s'attacher à établir un nouveau contrat avec la Nation. Selon son entourage, les décisions seront égrenées jusqu'au courant de l'été. Une situation qui laisse perplexe l'opinion, avec un sondage Elabe paru le 4 avril qui note que 68% des Français estiment que le Grand débat ne sera pas pris en compte.