Voulu par Emmanuel Macron en réponse à la crise des Gilets jaunes, le Grand débat national est enfin arrivé à son terme. Ce lundi matin, Edouard Philippe s'est fait le chef d'orchestre du "bilan" sorti des centaines de milliers de contributions faites par les citoyens à travers l'ensemble du territoire national. Prenant acte des propositions mises sur la table, le Premier ministre a affiché, pour la suite, la volonté de l'exécutif de clairement répondre aux diverses attentes des Français. Le chef de l'Etat devrait délivrer les premières décisions à la mi-avril.
Pour cette "restitution", de nombreux ministres étaient présents, tout comme des directeurs d'administration, des maires, des responsables associatifs, des représentants de partenaires sociaux, des citoyens lambda, ainsi que les 5 garants nommés pour garantir l'indépendance des débats au coeur de l'exercice inédit. Ainsi, selon les chiffres officiels, la séquence s'est fermée sur la participation de plus de 1,5 million d'individus, dont un tiers au travers des 10 000 réunions publiques qui se sont tenues en France.
Le monde rural mobilisé
Autres chiffres intéressants sur le Grand débat, ceux de la défiance de certains Français vis-à-vis de leurs élus. 23,2% de ceux qui ont contribué sur le site internet dédié assurent n'avoir aucune confiance en leurs représentants politiques.
A cet effet, 53% imaginent bien une transformation des assemblées telles que le Sénat et le CESE. Ils sont cependant 27,4% à encore placer leur confiance dans leurs élus locaux avant toute chose, selon la synthèse livrée ce lundi.
A noter également que, loin du RIC ou de l'ISF peu présents dans les débats, le plébiscite d'une reconnaissance du vote blanc s'est voulu sans appel.
Du côté du ministre en charge des Collectivités territoriales et co-animateur du Grand débat, Sébastien Lecornu, on s'est félicité d'une belle mobilisation de la ruralité à l'occasion de cet exercice inédit. Sur les 10 000 réunions qui se sont réunies au niveau local, 70% ont été en zones rurales et périurbaines.
L'exécutif face à quatre exigences
Le Premier ministre note que, de toutes les propositions des Français, rien ne s'est retrouvé mis sous le tapis comme le révèlent les conclusions mises en ligne par l'exécutif. Le Grand débat s'est déroulé dans le strict respect de la liberté de parole accordée aux uns et aux autres. Et du rendu de l'exercice, le locataire de Matignon estime à présent que ce sont quatre exigences qui ont été formulées par les participants à l'endroit de l'exécutif. Des exigences qui devraient structurer très prochainement la vision et l'action du gouvernement.
En premier, le besoin d'en finir avec la charge fiscale qui exaspère au plus au haut point les Français : un état de fait qui appelle à la nécessité de baisser au plus vite les impôts sur les ménages et les entreprises.
Vient ensuite le besoin de remettre du lien entre services publics et citoyens, dans une société où beaucoup se sentent abandonnés. Le Premier ministre notera également ne pas du tout être sourd aux mots très durs adressés à l'encontre des institutions jugées trop loin des préoccupations des Français. Quant à la dernière exigence des Français, elle s'intéresse à l'action du gouvernement contre le changement climatique : une action à penser loin de la perspective d'une hausse de taxes.
Les impôts comme totem de l'opinion
Il apparaît à Edouard Philippe que les Français se sentent étouffés par les impôts, qu'ils n'en peuvent plus de l'injustice fiscale, et qu'ils attendent un durcissement dans la lutte contre l'évasion et la fraude fiscales.
Une situation qui l'invite à une baisse généralisée des impôts, avec pour bémol que certains réclament une taxation plus forte pour les plus riches. En propositions, on pointe le retour de l'ISF et l'augmentation du nombre des tranches sur l'IR.
Le Premier ministre a terminé son discours en indiquant que "l'agenda des solutions" portées par l'exécutif, se verrait détaillé à l'occasion de ses interventions à l'Assemblée et au Sénat, respectivement mardi et mercredi. Il note à cet égard que l'exécutif se montrera clair dans sa démarche. Emmanuel Macron entend tenir sa promesse de répondre aux souhaits des Français, sans se renier ni s'entêter. Un exercice qui s'annonce difficile alors que les annonces du chef de l'Etat sont attendues à la mi-avril avec un certain scepticisme.