La scène fait froid dans le dos. Sur les images des vidéos tournées lors de la manifestation des Gilets jaunes (acte XVIII) interdite à Nice, samedi 23 mars 2019, Geneviève Legay, 73 ans, s'effondre suite à une charge particulièrement violente des CRS sur la place Garibaldi. La militante expérimentée ne peut résister à la force déployée, chute comme un domino sous les boucliers et les bottes des forces policières puis peu après, est aperçue gisant la tête au sol totalement inanimée.
"Je me suis retournée, j’ai vu que des policiers avaient changé, ce n’était plus les mêmes policiers.
(...) Je suis naïve. Je faisais rien de mal, je ne m’attendais à rien", déclarait-elle.
La septuagénaire sera grièvement blessée. De multiples fractures, de la tête et du coccyx, un "trou en haut du crâne", qu'elle attribuera par la suite à un possible coup de matraque.
"Cela fait 50 ans que je milite et à 73 ans, je n’ai jamais vécu pareille violence (…) Nous ne sommes plus dans un État de droit", insistait-elle.
Subordination de témoins
Depuis, la militante de l'association Attac livre dans plusieurs médias sa version des faits et met directement en cause les forces de l'ordre ainsi que les représentants de la justice de Nice par la voix de son avocat, Me Arié Alimi. Pire, Geneviève Legay aurait déposé plainte pour subordination de témoins.
Selon son témoignage, des policiers chargés d'enquêter sur les causes du drame, seraient venus, par trois fois, dans sa chambre d'hôpital faire pression et lui faire dire qu'elle avait été bousculée par un journaliste et non par un policier. Des accusations et une éventuelle tentative de manipulation d'une importante gravité qu'il convient désormais à la défense de Geneviève Legay de prouver.
"Les policiers ont insisté pour me faire dire que c’était un journaliste qui m’avait poussée. Or, c’est faux".
Mediapart dénonce un conflit d'intérêts
Nouveau rebondissement dans cette nouvelle affaire de violences policières, le site d'information et d'investigation Mediapart a publié lundi 8 avril 2019 une enquête dénonçant les liens conjugaux existants entre la commissaire en chef de la sûreté départementale chargée de l'enquête et l'officier mis en cause.
Un possible conflit d'intérêts visant, pour la chargée de l'enquête, à disculper ou à atténuer le rôle de son compagnon mis en cause.
L'affaire dite "de Geneviève Legay" vient donc d'être relancée par le site Mediapart. Enquêteurs et journalistes, entre autres du Monde, ont depuis documenté le dossier, vérifié et décrypté les nombreuses vidéos disponibles et ces dernières expertises tendent à infirmer les propos du procureur en charge de l'affaire.
Tel un nouveau "couac politique", le président de la République, Emmanuel Macron, au surlendemain de la manifestation de Nice, sans plus attendre de connaître les éléments de l'enquête, avait pourtant assuré que "cette dame n’a(vait) pas été en contact avec les forces de l’ordre".
Et de commenter : "Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci". Malheureusement pour le chef de l'Etat, ces derniers éléments contredisent l'éventualité d'une simple "bousculade".