Paru ce jeudi 16 mai dans Le Figaro et Franceinfo, un sondage Odoxa constate l'explosion de la popularité du Rassemblement national de Marine Le Pen sur la dernière décennie. Ils sont désormais 36% de Français à avoir une bonne opinion du parti fondé par Jean-Marie Le Pen, et cela malgré l'image qu'une bonne majorité lui reproche d'être un mouvement qui porte "des idées racistes" et potentiellement "dangereuses" pour l'économie française.

Au regard de cette enquête d'opinion, il faut bien constater que la patronne du parti d'extrême-droite semble en passe de réussir son pari de le "normaliser" huit ans après être arrivée à sa tête.

La sympathie pour le mouvement a été multipliée par trois, alors que le FN était tout juste crédité d'une cote de popularité à 12% en 2011. Il atteindra tour-à-tour les 24% en 2012, puis les 32% en 2015. La formation a cependant connu un passage à vide après le "crash" monumental de l'entre-deux tours de la présidentielle 2017.

Une "normalisation" qui se poursuit

A noter qu'en terme de popularité, le RN ne fait pas moins bien que les autres grandes formations politiques. Dans un sondage de l'institut publié le 28 mars dernier, on notait que les Français créditaient de scores sensiblement identiques La République En Marche, avec 37% d'avis favorables, mais aussi Les Républicains, donnés à 35% de bonnes opinions.

Du côté de la gauche, les Socialistes et les Insoumis récoltaient tous deux 26% de cote de popularité, alors qu'à ce moment les ex-Frontistes pointaient déjà à 33%.

De plus, comme cela était déjà le cas en 2015, 56% des personnes interrogées estiment que le parti de Mme Le Pen devrait dès à présent être traité comme tous les autres.

Mais, une variable nouvelle fait son apparition : c'est le fait que des soutiens de la France insoumise affichent de moins en plus de velléités à l'encontre du grand ennemi de toujours. Dans cette frange de la population, 36% ont maintenant une opinion favorable vis-à-vis du RN : c'est sept fois plus qu'il y a quatre ans où ils n'étaient que 5% à l'exprimer.

Des zones d'ombre toujours visibles

Et si la percée de Marine Le Pen apparaît bien réelle, il subsiste encore un certain nombre de zones d'ombre. Son parti reste toujours, en grande majorité, aperçu tel un mouvement qui nourrit non seulement un discours "raciste", mais des thèses pour le moins préjudiciables à l'économie française pour respectivement 60% et 58% des sondés. 54% doutent de la politique prônée par le RN pour gérer efficacement l'immigration, ou même de sa capacité à garantir aux Français la meilleure sécurité possible (56%).

Mais encore, une majorité de Français (58%) n'imagine pas la patronne RN capable de défendre les intérêts des classes sociales populaires. Sinon, ils sont moins nombreux (-3 pts) à penser que le parti d'extrême-droite soit en capacité d'apporter le désordre en Europe, ou (-5 pts) à trouver que celui-ci porte un programme économique désastreux. Une évolution due au revirement de Mme Le Pen sur la sortie de l'UE et de l'euro. Pour finir, la formation gagnerait à reculer sur sa volonté de rapprochement avec Salvini et Orban.