Edouard Philippe avait donné rendez-vous aux locataires du prestigieux palais du Luxembourg dans la matinée de ce jeudi 13 juin. Objectif affiché, tenter d'obtenir le vote de confiance des sénateurs sur son discours de politique générale, après avoir été largement conforté par la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale. Mais au final, le Premier ministre se sera retrouvé à faire face à la défiance de la Chambre Haute. Sur les 345 votants, le locataire de Matignon aura tout juste pu obtenir l'assentiment de 71 élus.

Il faut dire que le chef du gouvernement n'espérait pas réellement convaincre le Sénat dont la majorité reste parfaitement ancrée à droite.

Mais, autant dire qu'en ces temps de tempêtes qui secouent le parti des Républicains, l'exécutif aurait pu miser sur une belle surprise. Il n'en sera rien puisque les grands élus ont, dans une large majorité, fait le choix de s'abstenir. En effet, 181 sénateurs ont refusé de se prononcer sur le projet porté par l'ancien maire du Havre pour la suite du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Une défiance sur fond de tensions

Pour le reste, ils étaient quelque 93 élus à avoir voté contre les ambitions du gouvernement, bien décidé à poursuivre les réformes engagées pour transformer la France. Le signe peut-être que c'est bien là que pourrait encore se terrer la toute dernière poche de résistance à l'avancée d'un exécutif qui bouscule tout sur son passage.

L'hostilité n'y est d'ailleurs pas nouvelle, étant donné que c'est bien au Sénat qu'a été nourrie l'intention de rappeler à l'ordre le chef de l'Etat l'été dernier avec la très tentaculaire affaire Benalla.

A noter également que le président du Sénat Gérard Larcher aura peu goûté au renvoi de balle d'Edouard Philippe durant sa prestation devant les députés.

Mercredi, ce dernier avait notamment pointé du doigt la responsabilité des grands élus sur l'éventualité d'un report du projet de la réforme constitutionnelle qui appelait à la réduction du nombre de parlementaires et à l'injection d'une dose de proportionnelle dans les élections législatives. Un élément qui n'aura bien sûr pas manqué de tendre un peu plus le dialogue.

Edouard Philippe plus que jamais conforté

Pour certains observateurs, cela pourrait même paraître comme une difficulté pour l'exécutif alors que son projet avait somme toute recueilli la veille 358 voix "pour" face à 194 "contre". Cependant, nul doute qu'Edouard Philippe insistera, dans les mois à venir, sur son vibrant appel aux sénateurs quant à la nécessité de répondre sans résistance aux aspirations des Français. Une chose est certaine, cette nouvelle séquence aura permis au Premier ministre de sortir renforcé comme jamais depuis le début du quinquennat.

Pour le reste, après des semaines de crise intense sur fond de mouvement des Gilets jaunes, l'exécutif s'apprête à vivre des mois encore plus décisifs.

Transition écologique, retraites, assurance-chômage, PMA, éducation, organisation des services publics, décentralisation, sécurité, immigration, les chantiers s'annoncent nombreux et délicats jusqu'aux élections municipales de mars 2020. Et autant dire que les forces d'opposition guettent déjà le moindre pas du gouvernement pour rebondir : c'est certain, ils ne céderont rien.