Les lignes se précisent dans la course pour l'investiture de La République en Marche en vue des élections municipales de mars 2020 à Paris. Le duel s'est en effet beaucoup resserré entre Benjamin Griveaux et Cédric Villani, dans le haut du tableau des 4 candidats restants en lice pour tenter de faire tomber Anne Hidalgo dans la capitale. Et alors que l'annonce officielle de la commission d'investiture du parti présidentiel est prévue pour le 9 juillet prochain, le député de l'Essonne joue son va-tout pour ravir la vedette à l'ancien secrétaire d'Etat.

Il faut dire que le mathématicien est souvent caricaturé comme un savant un peu perché dans son monde, et tombé en politique tel un véritable ovni. Alors, à l'occasion d’un meeting qui s'est tenu le jeudi 4 juillet au Théâtre du Gymnase Marie Bell, situé dans le 10e arrondissement de Paris, c'est un tout autre visage que Cédric Villani a tenu à montrer. Loin de l'étiquette d'électron libre et isolé que lui confèrent certains, l'élu s'est affiché en homme sachant manié rigueur et force de rassemblement, indispensables pour gagner Paris, et la gérer.

L'effet Villani en marche

Ce sont ainsi près de 600 personnes qui assistaient à la prestation du natif de Brive-la-Gaillard, témoignant par là d'un engouement grandissant autour de sa campagne pour l'onction des Marcheurs.

Il aura d'ailleurs réussi à obtenir quelques jours plus tôt le ralliement d'un ancien candidat de poids dans la fratricide bataille parisienne, en la personne de Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d'Etat au numérique. Objectif affiché, démontrer à Emmanuel Macron et aux membres de la CNI, que loin des préjugés, lui aussi saurait s'imposer à Paris.

Car, en sourdine, ce que dénoncent certains cadres de la majorité, c'est la perspective que les dés aient déjà été jetés à l'Elysée en faveur du jeune Griveaux. En effet, le lieutenant de la macronie jouissait déjà du statut de favori pour l'onction LaREM alors qu'il était encore porte-parole du gouvernement. Et autant dire que la décision des responsables mandatés pour désigner le meilleur profil, à l’issue d’un grand oral de l’ensemble des candidats, devrait être particulièrement scrutée par celui qui fait désormais office de sérieux challenger.

Risque de morcellement à Paris

Le doute est ainsi plus grand que jamais sur les réactions qui pourraient surgir au sein de La République en Marche au cas où Benjamin Griveaux était in-fine désigné candidat du parti. La perspective d'une guerre ouverte, comme le craint depuis quelques semaines le patron des députés marcheurs Gilles Le Gendre, pousserait même la direction du parti à envisager un report des annonces de la commission d'investiture. Un contexte tendu donc, dans lequel le nom d'Edouard Philippe revient avec insistance comme potentiel scénario d'apaisement.

Si le Premier ministre semble actuellement bien ancré à Matignon, l'hypothèse de sa candidature pourrait bien finir par s'imposer en cas de durcissement du ton entre les deux grands favoris d'En Marche.

En tout cas, du côté du mathématicien comme de celui du député parisien, on est à l'heure de compter les différents soutiens des uns et des autres. Le premier a obtenu vendredi le désistement de l'autre candidate Anne Lebreton, tandis que le second a sorti les muscles en affichant les noms de 34 élus qui lui ont apporté un soutien appuyé.