Barrack Obama vient de se rappeler à notre bon souvenir en dévoilant sa playlist de l'été : « Avec la fin de l’été, voici une sélection de ce que Michelle et moi avons écouté - certaines nouvelles, d’autres anciennes, rapides ou lentes. Nous espérons que vous apprécierez », a-t-on pu lire sur ses comptes Instagram et Twitter. L'occasion de revenir sur le parcours qui a permis à ce candidat improbable de devenir l'homme le plus puissant du monde.

Le Sénat

Lorsqu’il est élu à trente-cinq ans en 1996 au Sénat de l’État de l’Illinois, Barrack Obama, né à Hawai d'un père kényan et d'une mère américaine, profite de l’abandon de ce siège par la titulaire, partie briguer la nomination pour la Chambre des représentants de Washington.

Battue à la primaire, elle se ravise et tente de conserver son mandat, mais l’équipe de campagne d’Obama dépose recours sur recours pour obtenir sa disqualification. Les autres candidats subissent le même sort, et le jeune Obama est investi candidat démocrate sans concurrence. L’élection générale, dans une circonscription où vit une écrasante majorité de démocrates, est obtenue avec 82 % des voix. Obama va siéger dans la capitale de l’État, Springfield, et sera encore mieux réélu en 1998 et en 2002. En 2004, lorsque l’un des deux élus de l’Illinois au Sénat fédéral, le républicain Peter Fitzgerald, décide de ne pas se représenter au bout d’un seul mandat, alors qu’il avait remporté son siège de justesse six ans plus tôt.

Une aubaine pour Obama, déjà candidat quand Fitzgerald renonce. Et celui qui a été désigné pour tenter de conserver ce poste aux républicains, Jack Ryan, est mis hors course par des révélations sur son mariage : il aurait incité son ex-épouse à se rendre avec lui dans des clubs échangistes. Le remplaçant de Ryan est écrasé à l’élection : 70 % des électeurs choisissent Barack Obama, qui devient donc le seul sénateur noir à siéger à Washington.

Une étoile est née

Le parti démocrate décèle en Obama un vrai talent et lui demande de prononcer le principal discours de la convention présidentielle de Boston, qui entérine fin juillet 2004 le « ticket » John Kerry - John Edwards pour tenter de ravir la présidence à George W. Bush. « Ce soir, il s’agit d’un honneur particulier pour moi, parce que, soyons honnêtes, ma présence sur cette scène est improbable.

Mon père était un étudiant étranger, né et élevé dans un petit village du Kenya. Lorsqu’il a grandi, il a gardé des chèvres, il est allé à l’école dans une baraque au toit de ferraille… », commence Obama, avant de développer un appel à l’unité dont le point d’orgue résonnera en écho dans sa propre campagne, quatre ans plus tard. « Il n’y a pas une Amérique de gauche, une Amérique de droite, il y a les États-Unis d’Amérique. Il n’y a pas d’Amérique noire, d’Amérique blanche, d’Amérique latino, d’Amérique asiatique, il y a les États-Unis d’Amérique ! »

La course à l'investiture

La campagne de John Kerry échoue, Bush est réélu pour quatre années. Mais Barack Obama a été propulsé sur la scène politique nationale, d’autant plus que, par son statut de seul élu noir au Sénat – il prend ses fonctions début 2005 – et son éloquence naturelle, il devient la coqueluche des médias.

Un jour de février 2007, Obama déclare sa candidature à l’investiture démocrate pour la présidentielle sur le parvis de l’ancien parlement de l’Illinois à Springfield. « Je sais que je n’ai pas passé beaucoup de temps à apprendre la façon dont Washington fonctionne, mais j’ai été là-bas suffisamment longtemps pour savoir que la façon dont Washington fonctionne doit changer ! »

Changement

« Changement », ce sera le maître-mot de la campagne. Il vise autant Bush, contre qui Obama adopte un ton mordant, qu’une autre sénatrice, Hillary Clinton, donnée favorite de la course à l’investiture démocrate et dotée d’une machine électorale bien rodée. La victoire surprise d’Obama début janvier 2008 dans l’Iowa lui permet de prendre un bon départ dans le processus des primaires, et, à l’issue d’une course aussi longue qu’acharnée, il terrasse sur le fil sa rivale, début juin.

Une fois l’investiture en poche et passée l’intronisation officielle du candidat démocrate par la convention présidentielle de Denver au Colorado fin août, commence pour Obama ce qui s’annonce être le plus difficile : décrocher plus de la moitié des 538 votes de « grands électeurs », répartis par poids démographique dans les cinquante États américains. Le reste appartient à l’histoire : le 20 janvier 2009, Barrack Obama devient le 44e président des Etats-Unis. Il restera en poste pendant huit ans.