Depuis une semaine et l'identification du corps de Steve Maia Caniço repêché dans la Loire, Christophe Castaner est de nouveau sous le feu ardent de ses détracteurs. Les appels à la démission se multiplient pour le ministre de l'Intérieur alors que celui-ci n'a jamais vraiment su entraîner avec lui un vent d'enthousiasme depuis bientôt dix mois. Communication polémique sur certaines situations potentielles explosives, stratégie de maintien de l'ordre et manque d'incarnation de la fonction, voilà autant de griefs qui ne cessent de s'accumuler.
Le climat est d'ailleurs devenu si hostile à l'ancien socialiste, que de nombreux médias se demandent jusqu'à quand celui-ci conservera la confiance d'Emmanuel Macron.
D'autant que les remontrances du président de la République vis-à-vis de son fidèle lieutenant ont, par le passé, fuitées dans la presse, laissant entendre qu'aucune erreur politique de sa part ne lui serait plus pardonnée. Un état de faits que le locataire de la place Beauvau devait parfaitement avoir à l'esprit la semaine dernière au moment d'improviser une reconquête du terrain.
Un retour sensible sur le terrain
C'est donc silencieux qu'il se tenait au côté d'Edouard Philippe mardi dernier, alors que ce dernier rendait public le rapport de l'IGPN autour de la disparition du jeune Steve. D'ailleurs, selon un proche, le numéro deux du gouvernement aurait été particulièrement marqué par l'épisode tragique survenu à l'occasion de la Fête de la musique à Nantes.
Loin de l'image d'une intervention policière visiblement musclée, le politicien de 53 ans joue la carte de la prudence et choisit de s'en remettre aux conclusions d'une toute nouvelle enquête.
Hors de question pour lui en tout cas de jeter le doute sur les forces de l'ordre, alors qu'à gauche, on dénonce à tue-tête un déni de justice pour le jeune homme de 24 ans.
Mais encore, afin de témoigner son soutien aux élus attaqués, Christophe Castaner s'est affiché aux côtés du député de La République en Marche Romain Grau dont la permanence avait fait l'objet de vandalisme le 27 juillet. Des représentants de la nation que le ministre de l'Intérieur entendait bien rassurer de l'effectivité du travail de fond menée par la police pour leur sécurité.
Ministre "totalement dépassé"
Pour le reste, le dernier ministre d'Etat du gouvernement assume sa conduite des affaires à la place Beauvau dans un contexte d'extrême tension. Et cela, même si, à droite, Christian Jacob le juge déjà "totalement dépassé", tandis qu'à gauche, Alexis Corbière (LFI) note un rapport "extrêmement affaibli" avec les Français. Celui-ci conserve tout de même le plein soutien d'Edouard Philippe et Emmanuel Macron qui le laissent en première ligne pour gérer l'organisation du sommet du G7 à Biarritz qui se promet tendu du 24 au 26 août prochain.
La rentrée s'annonce donc à hauts risques pour le ministère de l'Intérieur, avec deux dossiers sur lesquels Christophe Castaner sera particulièrement attendu, et pour lesquels, il pourrait se retrouver pris en étau.
Le premier, c'est la menace redoutée de militants altermondialistes potentiellement présents dans l'Ouest de la France pour le sommet des géants du monde. Et le second, c'est l'arbitrage qu'il devra rendre en septembre à l'arrivée des conclusions autour de la réflexion lancée sur les évolutions à apporter à la doctrine de maintien de l'ordre.