Rendu public par Edouard Philippe mardi dernier, le rapport de l’Inspection générale de la police nationale autour de la mort de Steve Maia continue d'alimenter la polémique. Loin des violences policières décriées par certains responsables politiques, celui-ci assure en effet, depuis une semaine, qu'aucun lien n'a pu être établi entre l'action de la police et la disparition du jeune homme. Une version défendue par les dirigeants du service qui ont décidé de sortir de leur silence pour s'offusquer d'un climat de haine grandissant en France.

Il faut dire qu'après une journée sous tensions, la mise au point de Brigitte Jullien, directrice du service, et de David Chantreux, chef de l'unité de coordination des enquêtes, ne s'est pas faite attendre.

Pour rappel, de violents heurts ont émaillé l'hommage rendu à Steve Maia Caniço samedi dans les rues du centre de Nantes, où manifestants et forces de l’ordre étaient à couteaux tirés. Et si aucun incident majeur n'était à déplorer, les deux responsables de police savent combien l'atmosphère est devenue de tous points de vue particulièrement électrique.

Un emploi légitime de la force

Alors, comme une charge visant à faire retomber la douce musique qui circule actuellement dans les médias, Monsieur Chantreux assure le rapport de l'IGPN n'a jamais eu vocation à blanchir. Il rappelle dans la foulée qu'une simple enquête administrative comme celle-là n'est pas une fin en soi, tandis que sa patronne note même qu'elle est tout juste prédisciplinaire.

Hors de question donc de juger du travail des enquêteurs qui devrait bientôt être enrichi par la procédure judiciaire ouverte depuis mardi dernier par le procureur de Nantes.

Pour ce qui est des faits qui sont reprochés aux forces de l'ordre, les deux fonctionnaires estiment que l'emploi de la force était justifiée, face à des jets de projectiles.

Une légitimité qui voudrait malgré la proximité avec le fleuve, d'autant que Mme Jullien comme Monsieur Chantreux se refusent à voir dans l'intervention policière la moindre "charge policière". Tous deux arguent d'ailleurs que sur les nombreuses vidéos qui ont été visionnées, il n'est pas, à aucun moment, possible de voir des policiers courir en groupe vers l'avant, munis d'armes.

Des moyens limités pour l'IGPN

Bien sûr, il y a le fait que la synthèse du rapport rendue publique ignore des témoignages de personnes estimant être tombées à l’eau suite à l’intervention policière. Et là encore, le cheffe de l'IGPN botte en touche, notant qu'il s'agit peut-être d'un oubli, sans que cela ne change les conclusions qui laissent entendre la possibilité d'un lien n'est pas exclue. Ce seront désormais aux autres enquêtes diligentées d'apporter un meilleur éclairage sur les faits, d'autant que le corps judiciaire dispose, lui, de moyens d'investigations plus conséquents.

Mais pour Brigitte Jullien, que cela soit clair : personne n'a connaissance du contenu du rapport avant qu'il passe à sa signature, que ce soit le directeur général de la police ou le ministre.

Hors de question de laisser ainsi entendre que la place Beauvau aurait pu jouer un rôle sur la teneur d'un rapport qui semble avoir laissé sur leur faim de nombreux responsables politiques de gauche. Ces derniers s'indignent de violences policières, une expression que Christophe Castaner et les deux fonctionnaires réfutent ardemment depuis le début de l'affaire.