Comme à l'aube de chaque échéance électorale, François Bayrou a tenu dimanche à imprimer, une nouvelle fois, la scène publique de son aura politique. Après une rencontre très remarquée avec le Premier ministre Edouard Philippe, le patron du MoDem, allié historique de La République en Marche, s'est fendu d'un appel à la prudence pour les partisans du parti présidentiel. Un message qui ne devrait pas manquer d'interroger les cadres de la macronie, alors que se profilent à grands pas de difficiles élections municipales pour mars 2020.
D'ailleurs, dans les allées du parc des expositions de Bordeaux où ont pris place les Marcheurs, un proche du locataire de Matignon reconnaissait quelques tensions.
Rien de bien banal pour un habitué de coups de sang comme Bayrou, si ce n'était que ce dernier n'a jamais paru aussi décalé avec Emmanuel Macron et son mouvement que ces dernières semaines. Illustration faite avec la poussée de colère ressentie dans les coulisses du MoDem sur la proposition de l'ancienne ministre des Armées Sylvie Goulard comme commissaire européen.
La nécessité de bien se ranger en ordre de bataille comme en 2017
Hors de question cependant de s'alarmer pour Marc Fesneau qui juge normal que cela frotte sur certains points dans le projet d'investiture de La République en Marche. Il acte tout de même la nécessité d'aller au pragmatisme en évitant les confrontations inutiles, pour être au rendez-vous de la stratégie qui a porté l'alliance en 2017.
C'est en tout cas ce qu'il prône afin de sortir de l'enlisement dans de nombreux dossiers comme celui de Bordeaux, où Nicolas Florian (LR) a d'ores-et-déjà face à lui le candidat marcheur Thomas Cazenave.
Et dans ce contexte, Edouard Philippe devrait jouer le rôle de facilitateur, et même de médiateur, comme le laissent entendre certaines voix autorisées à Matignon.
Objectif affiché, arranger du mieux possible les bidons et tenter de mettre du liant entre les composantes de la majorité, actant que par moment, il vaut mieux une alliance plutôt qu'un affrontement. Attention donc à bien ménager l'incontournable impôt Bayrou qui devrait se montrer de plus en plus gênant à mesure qu'approchera le temps des négociations pour les élections municipales.
Bayrou, entre piques et caresses
Sinon, face au parterre de Marcheurs réunis nombreux autour du Premier ministre et de leur délégué général Stanilas Guerini, François Bayrou s'est fait donneur de leçons. Vantant au premier chef le mouvement présidentiel et le grand courant central formé avec son parti, il n'a pas hésité à tirer sur ceux qui seraient tentés par une hégémonie en solitaire. Par la suite, le maire de Pau a profité de l'occasion pour louer Emmanuel Macron dans sa gestion du G7 et son volontarisme, sous les applaudissements nourris d'une assemblée bienveillante.
Mis en garde toutefois face à ces investitures qui suscitent le débat, en rappelant à ses camarades que l'administration d'une mairie ne peut être vue comme un enjeu partisan.
Pour le soutien du président de la République, la fonction repose avant tout sur une "personnalité" et une "attention à ses concitoyens", loin d'un combat d'étiquettes voué à l'échec. Voilà donc les Marcheurs prévenus des risques encourus s'ils venaient à trahir la promesse faite aux Français de nourrir une légitimité qui s'enracine plutôt que celle qui doit toujours venir du sommet.