Le 29 juillet 2018, un navire a quitté l'Australie, à destination des côtes de la Manche. A son bord, un chargement un peu spécial : quatre emballages de combustibles usés issus d’un réacteur de recherche de l’Agence australienne des sciences et technologies nucléaires (ANSTO). Utilisés pour la recherche médicale, ils seront retraités à l'usine Orano de la Hague qui accueille des déchets de haute et moyenne activité à vie longue. Si Orano multiplie des contrats à l’international pour exporter son savoir-faire, en témoigne l’accord commercial signé en juin dernier avec la China National Nuclear Corporation (CNNC) pour la construction d’une usine de retraitement et de recyclage des combustibles nucléaires usés en Chine, le recyclage en France des combustibles internationaux reste une réalité.
La date d'arrivée du navire contenant les combustibles australiens n'est pas encore connue, mais ce nouveau contrat devrait permettre à la filière française et à Orano d'asseoir un peu plus sa position d'expert international sur le cycle « aval » du combustible.
Réglementation internationale stricte
Peu banal, ce transport de combustibles usés implique une lourde responsabilité répondant à des règles internationales particulièrement strictes, et destinées à éviter tout incident. Le règlement de l'AIEA, édicté dès 1961 et mis à jour à mesure des différentes évolutions technologiques, sert de référence mondiale en matière de sureté nucléaire. Une soixantaine d'états l'utilisent ainsi comme base de leur réglementation, et il a été totalement intégré aux recommandations des Nations Unies sur le transport de marchandises dangereuses.
Le retraitement des déchets fait partie du cycle dit « aval » du combustible. Ce dernier regroupe l'ensemble du travail sur le combustible usé, du transport jusqu'à l'enfouissement, en passant par le recyclage et le stockage temporaire des déchets. Un domaine dans lequel la filière nucléaire française, menée notamment par Orano sur le site de la Hague, démontre tous les jours ses compétences.
Mise en service en 1996 l'usine traite régulièrement les combustibles usés venus de pays étrangers, comme l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, ou encore le Japon.
Dans le cadre d'accords à l'international, les pays restent propriétaires des combustibles confiés, et sont responsables du stockage ou de l'enfouissement des déchets.
La partie recyclée leur est rendue pour être exploitée dans les différents réacteurs.
Un transport sous haute sécurité
Le transport, parfois sur de longues distances comme c’est le cas avec l’Australie, constitue une phase essentielle du processus, en particulier en termes de sureté et de sécurité. Un incident technique pourrait en effet avoir des conséquences lourdes sur l'environnement. Mais les règlementations internationales couplées à la haute expertise des compagnies maritimes spécialisées sont telles que, depuis la généralisation de ces pratiques il y a une cinquantaine d'années, aucun incident n'est à déplorer.
Depuis 1993, le Code international de règles de sécurité pour le transport de combustible nucléaire irradié, de plutonium et de déchets hautement radioactifs en colis à bord de navires, émis par l'OMI (Organisation maritime internationale), réglemente de manière extrêmement stricte la conception, la structure et l'équipement des navires habilités pour ce type de transports à hauts risques.
Parmi ces exigences, la présence d'une double coque et de structures anti-collisions, ou encore la duplication de tous les équipements essentiels. Constitués de pastilles de céramique contenues dans des tubes de métal en zirconium, les combustibles sont eux-mêmes entourés d'emballages ultra-résistants.