Chaque année le prestigieux MIT (Massachusett Institute of Technology) de Boston organise un concours innovant : L'IGEM (International Génétically Engineering Machine). Cette année 9 étudiants montpelliérains ont été sélectionnés pour IGEM 2018, qui ne compte pas moins de 340 équipes de jeunes têtes chercheuses en provenance du monde entier. La France n'est pas en reste puisque 9 équipes (Toulouse, Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Montpellier et 4 à Paris) seront en lice à Boston le 24 octobre prochain.
Les étudiant montpelliérains développent le projet Vagineering, une #contraception non-hormonale, basée sur la biologie synthétique.
Le principe vise à standardiser des éléments génétiques et à les introduire dans un organisme vivant d'intérêt, soit dans ce cas, créer des spermicides naturels.
La flore vaginale, une alliée de choix
"Le vagin, comme les muqueuses, l'intestin, est peuplé de bactérie, la flore vaginale, qui témoigne de la bonne santé de la femme", rappelle Tamara Yehouessi, en première année de Master Biotech à l'Université de Montpellier.
La flore vaginale contient une grande quantité de bactéries dont les fameuses lactobacillus qui produisent de l'acide lactique. En fonction du groupe ethnique, ces lactobacillus sont présentes à divers degrés. Par exemple, chez les Femmes européennes, on constate une plus forte concentration de lactobacillus crispatus.
Ces différences sont liées à l'environnement et surtout l'alimentation. Or une famille de lactobacillus, la lactobacillus jansenii est présente chez toutes les femmes, quelque soit le groupe ethnique.
En la combinant à une protéine sélectionnée, elle va développer une propriété remarquable : elle ralentit la progression des spermatozoïdes, voire l'inhibe complètement, créant ainsi un spermicide efficace.
La contraception non hormonale, une aubaine pour la planète
L'enjeu est de taille. Même si la contraception hormonale s'est avérée révolutionnaire dans nos sociétés modernes, beaucoup de pays en voie de développement restent à la traîne. Dans certaines zones, l'accès à la contraception reste peu aisé. Par ailleurs certaines femmes présentent des contre-indications à la prise de contraceptifs hormonaux.
Enfin, il est un fait reconnu que les rejets humains de contraceptifs hormonaux polluent les rivières, contribuant ainsi à modifier les organismes vivants.
Il se pourrait bien que dans l'avenir, si un tel projet aboutit, la simple ingestion de probiotiques, comme on achète de l'ultra levure en pharmacie par exemple, pourrait mettre un terme aux grossesses non désirées.
Les prémisses d'un projet révolutionnaire
Pour mener à bien leur projet, les 9 étudiants montpelliérains, âgés de 20 à 25 ans, ont effectué leurs travaux au sein du laboratoire UM-CNRS-Inserm. En septembre, certains d'entre-eux ont rejoint leur Master à Paris en fonction de leur profil respectif, mais ils se retrouveront à Boston le 24 octobre prochain pour défendre leur idée innovante.
Quelque soit l'issue du concours, il faudra des années de recherche pour évoluer vers une commercialisation du contraceptif. Outre les phases pré-cliniques et cliniques, une vision globale du projet est nécessaire et il n'est pas exclu qu'une start-up prenne le relais.