Depuis sa création en 2016, la jeune pousse a fait bien du chemin et a poussé les portes de plusieurs institutions suisses. Le projet: un questionnaire qui permet aux banques d’établir le profil comportemental des clients. Cette solution s’adapte à toutes les économies mondiales. Neuroprofiler est conforme avec la réglementation européenne, ce qui attire notamment les entreprises asiatiques ou américaines.
Aujourd’hui, Neuroprofiler a même été contacté par des sociétés colombiennes ou brésiliennes. Ce qui fait la force de ce projet, c’est un concept singulier qui mélange la finance aux mathématiques et à la finance comportementale.
Une théorie qui a inspiré le Prix Nobel de l’Économie de 2002, Daniel Kahneman, mais qui a aussi été largement utilisée par le Prix Nobel 2017, Richard Thaler. Pour nous en parler plus précisément, Tiphaine Saltini, la fondatrice de Neuroprofiler nous répond pour prendre part au projet BlastingTalks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital, les profondes transformations socio-économiques et lors de cette période inédite de crise sanitaire.
Votre algorithme dit fonctionner sur la base de la finance comportementale. En quoi cela consiste ?
Neuroprofiler est un jeu de finance comportementale qui permet d’évaluer les profils des investisseurs et de faire des recommandations d'investissement pertinentes en fonction des clients.
Neuroprofiler est le fruit du mariage entre la finance, les mathématiques et la psychologie. D’où vous est venu ce mélange intéressant ?
La finance comportementale est un domaine de recherche en finance qui reste encore riche. Son objectif c’est de pouvoir modéliser la psychologie de l’investisseur avec une approche disons économique et plus mathématique.
C’est d’ailleurs l’objet de ma thèse en finance comportementale. Ensuite, j’ai amélioré cette technique initiale avec mon associé qui lui a un parcours en finance quantitative et en machine learning.
Vous comptez parmi vos partenaires des institutions suisses. D’où proviennent vos clients aujourd’hui ?
On travaille essentiellement avec des banques privées au Luxembourg, en Suisse, en France.
On commence aussi a avoir des premiers pilotes en Amérique latine et en Asie. On travaille également avec des banques de détail, des assets managers mais également d’autres Fintech comme des robots advisors ou des plateformes de crowfounding.
En Europe, des règles sont appliquées concernant le profilage dans le règlement sur la protection des données. Est-ce-que la réglementation à ce sujet n’est pas de plus en plus contraignante selon vous ?
Nous avons une position assez particulière puisqu’on répond à une des exigences clé de l’Union européenne qui impose l’évaluation du profil de risque et qui pour ce faire, recommande justement d’utiliser la science de la finance comportementale. Donc la réglementation joue plutôt en notre faveur car c’est un des moteurs d’achat de notre solution.
La pandémie mondiale du COVID-19 a tué 400.000 personnes dans le monde. Évidemment les économies ont subi des crises inédites. Quel impact a-t-elle eu sur la finance selon vous ?
Tout à fait. Bien sur comme beaucoup de startups ou d’entreprises de manière générale, on constate un ralentissement de l’activité avec des banques mobilisées sur la gestion de la crise financière.
Mais cette crise a montré une certaine prise de conscience des institutions financières de la nécessité de se digitaliser. Encore aujourd’hui la plupart des profils de risque sont réalisés sur papier souvent lors des rendez-vous physiques avec les clients. Également la prise de conscience s’est réalisée autour de l’importance de comprendre la réaction des clients en situation de crise.
Nous avons d’ailleurs développé un module de prédiction comportementale pour aider par exemple un banquier qui doit appeler 200 clients à appeler en priorité ceux qui sont le plus anxieux, ceux qui ont davantage besoin d’être accompagnés en situation de crise.
Avez-vous d’autres perspectives pour du court ou même du long terme des suites de cette crise du Coronavirus ?
Dans ces moments de crise, on se rend compte que ce sont des phénomènes qui peuvent se reproduire à l’avenir et qui sont particulièrement irrationnels. Il est donc important de pouvoir mesurer les biais décisionnels de l’Homme. Pendant cette période, nous avons aussi développé d’autres outils pour gérer les situations d’incertitudes, de mimétismes etc. Des critères qui sont importants à évaluer en temps de crise.