Les oiseaux se portent mutuellement assistance, à en croire une étude menée conjointement par le Monash University et l'Australian National University qui a porté sur les mérions superbes. Ce passereau au chant agréable est un hôte familier des parcs situés dans le sud-est de l’Australie.

Les mérions superbes vivent dans une société hautement hiérarchisée dans laquelle les groupes de nichée – entre deux et six oiseaux – représentent le niveau d’organisation le plus bas avec des liens sociaux étroits entre les individus.

En dehors de la saison de reproduction, les groupes de nichée d’un même territoire s’associent avec des groupes voisins pour former des super-groupes, qui se fusionnent à leur tour pour former une vaste communauté.

C’est le plus haut niveau d’organisation sociale. Comme certains primates de Madagascar qui communiquent mutuellement par des cris d'alarme, les mérions superbes se lient d’amitié et entretiennent des relations sociales à degrés d’intensité variables.

Les mérions font preuve d'un grand esprit de solidarité

Pour réussir à capturer ces relations complexes, l’équipe de chercheurs a attaché des jambières de couleur distincte aux mérions superbes de la population échantillon de sorte qu’ils peuvent reconnaître tous les individus à travers leurs paires de jumelles. Pendant qu’ils fixaient les cordons aux mérions, ceux-ci poussaient des cris plaintifs, comme s’ils appelaient au secours.

Les mérions répondent généreusement aux cris de détresse et font leur possible pour aider leurs congénères.

Première tentative : ils s’approchent du biologiste et envoient des cris d’alarme. Deuxième tentative : ils jouent un numéro de diversion appelé « le tour du rongeur ». Pour ce faire, le mérion s’approche de la menace, adopte une posture voûtée, puis se sauve en marchant comme une souris. Mais ce tour de diversion destiné à dévier l’attention du prédateur de sa cible expose le sauveteur à un grave danger.

La question qui se pose est : jusqu’où va le dévouement altruiste des mérions superbes pour risquer ainsi leur plume et leur bec ?

Un mode de coopération identique chez plusieurs autres espèces

Pour obtenir des réponses, les ornithologues ont monté une fabuleuse mise en scène : un kookaburra empaillé (martin-chasseur féroce qui dévore les petits oiseaux) et un enregistrement de cris d’alarme émis par des mérions de différents horizons.

Les appels à l’aide ont plus de chance de capter l’attention lorsque l’individu en détresse est un proche intime, un membre de la nichée. Les mérions superbes répondent avec moins de dévouement, prennent peu de risques et n’exécutent jamais un tour de diversion pour un simple familier, membre de la communauté. Quid des oiseaux en détresse à l’extérieur de la communauté ? Ils sont ignorés complètement.

Ainsi, faire partie d’une société hiérarchisée donne à ces oiseaux la liberté de doser soigneusement leur assistance. Ce mode d’assistance ressemble étrangement aux règles en vigueur chez les tribus de chasseurs-cueilleurs. La nourriture est distribuée prioritairement entre les membres du même foyer ; viennent ensuite les membres du même groupe de foyers.

Le dernier échange de portions s’effectue à l’échelle du campement. L’étude suggère alors que les modes de coopération complexes qui sont à l’œuvre dans la société humaine se seraient produits à plusieurs reprises au sein de différentes espèces et remonteraient à des millions d’années avant que nous mettions nos pieds sur cette planète.