L'avènement des nouvelles technologies et leur performance ont engendré un homme nouveau: celui qui est à la fois ici, ailleurs et partout. Cet homme nouveau, il peut être en même temps en famille, au travail, dans un amphithéâtre ou dans une manifestation de foule nombreuse, tout en étant en isolé en même temps.
Solitude dans la multitude?
Les nouvelles technologies ont transformé nos usages en matière de communication. Au sein de plusieurs familles modernes, grandes consommatrices de nouvelles technologies par exemple, la communication tend à disparaître car à la maison, on est plus attaché à son ordinateur, à son Smartphone qu'à ses parents, frères et sœurs.
De ce fait, le temps où les enfants trouvaient réponses à leurs questions auprès des parents est en train d'être révolu. Les vacances chez les grands-parents, qui servaient à découvrir l'histoire des familles, la généalogie de Papy et Mamie, sont en voie de disparition, car on va en vacances pour rester accroché à son Smartphone, et les seuls moments de discussion sont les moments de petit-déjeuner, déjeuner et souper; et encore, si on y participe!
Pareillement, au travail, au bureau, dans les jardins publics ou même dans les manifestations, on trouve toujours une raison pour s'isoler en vue de consulter ses messageries: SMS, Mails, Tweets, Facebook... et d'y répondre.Ainsi, à l'ère d'Internet et de la téléphonie cellulaire, on a l'impression que les compétences des humains se sont accrues, et que grâce à ces nouvelles technologies, chacun est capable de tout faire de lui-même, sans le concours de l'autre.
Or, dans cette apparente recherche de la solitude dans le milieu familial, professionnel, syndical...etc, il se trouve que par nos SMS, mails, réseaux sociaux...etc., on cherche à rencontrer l'autre, les autres, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas avec nous dans l'immédiat, ceux qui sont loin de nous. Et c'est cela le paradoxe.
Compagnie dans la solitude?
Au fond, par l'entremise des nouvelles technologies, chacun cherche à s'isoler de son milieu immédiat, sortir de son voisinage concret, pour communiquer virtuellement ou réellement avec d'autres personnes, ou personnages virtuels (jeux vidéos) qui échappent à sa proximité palpable, sensible, tangible.
Du coup, tout en s'isolant de son environnement visible, l'usager des Smartphones se fait proche d'autres personnes lointaines par communication. Donc, aux yeux de tous, il apparaît seul ; mais en fait, il est en compagnie.
Substitution des structures classiques de formation de liens sociaux par les réseaux?
Qu'on le veuille ou non, ce qui se passe avec les nouvelles technologies, c'est la substitution des structures classiques de formation de liens sociaux par les réseaux. En outre, on assiste à un transfert des centres traditionnels d'apprentissage et d'intériorisation des normes sociales vers de nouveaux outils de transmission de la connaissance.Pour tout dire, sans renier sa famille, ses proches, ses collègues de services, l'homme nouveau se veut un homme de réseau.
Il nourrit l'ambition d'élargir le plus loin possible ses relations et ses connaissances. Voilà pourquoi, en même temps qu'il est sur place en famille, au travail, dans les manifestations syndicales, il est en même temps ailleurs, grâce à son Smartphone.
Être ici, ailleurs, et partout, c'est être omniprésent ; et pouvoir tout faire, seul, c'est être omnipotent. En définitive, l'homme nouveau issu des nouvelles technologies, c'est tout simplement l'homme multiple doté du don d'ubiquité.