J’ai pu connaître divers attachés ou attachées parlementaires. Qui se plaignaient de la charge, même celles et ceux affectés dans les circonscriptions ou les mairies de leurs employeurs cumulant des mandats. Un exemple, forcément non-nominal ? L'attachée d’un député RPR manquait tellement de temps pour avoir une vie personnelle qu’elle fréquentait les boîtes échangistes : pas le temps d’avoir une, encore moins des liaisons suivies.
Le niveau de rémunération de Penelope Fillon fait des vagues au Palais Bourbon. Car si l’enveloppe globale peut paraître confortable, pour un député, voire un sénateur, voulant vraiment faire carrière, se faire valoir, elle est le plus souvent répartie entre assistantes et stagiaires, parfois jusqu’à cinq ou davantage. Les contrats de travail sont souvent léonins, la pression peut confiner à l’énorme. Chacune, chacun est sur un siège éjectable. La rémunération, mais aussi la longévité dans l’emploi de Penelope Fillon, font jaser, et c’est une litote.
Les séanciers l’ouvrent
Dans les rédactions, les rôles sont répartis entre économistes, faits-diversiers, chroniqueuses judiciaires, &c.
Il y a aussi les séanciers, dont Geneviève Tabouis, entrée très tôt dans la carrière journalistique, fut l’un des plus marquants vétérans avec, de 1949 à 1967, sa chronique Dernières nouvelles de demain, pour RTL. Âgée de 88 ans, elle rendait compte de l’activité parlementaire. Pour Le Plus (site de L’Obs’), Olivier Picard, qui a 25 ans de bouteille, en contact constant avec les collaboratrices et assistants des parlementaires, résume : ‘’les moins actifs et les moins actives se donnent au moins la peine de faire acte de présence dans les bureaux et les couloirs. Penelope Fillon n’a même pas eu cette bonté. Aucun d’entre nous n’a le souvenir de l’avoir jamais croisée au Palais Bourbon’’. Au Sénat, c’est un peu différent.
On se souvient d’un vénérable sénateur de la Marne, qui employait épouse et nièce, et qu’on pouvait parfois, rarement, apercevoir, dans le couloir menant au restaurant… Olivier Picard admet que les élus locaux sarthois aient pu entrevoir Penelope Fillon à l’occasion, mais ‘’pas pour faire du travail législatif’’. De la présence, certes. Des interventions ? Conclusion : ‘’en attendant d’autres éléments de preuve [à charge ou décharge], Penelope Fillon remplit a priori toutes les cases de l’Emploi fictif’’. Monté au créneau pour appuyer le couple, Bernard Accoyer a fini par admettre ‘’je ne connais pas le détail de son travail’’. C’est totalement crédible : s’il y a bien un député très souvent sollicité par les collaborateurs, c’est bien le président de l’Assemblée nationale ou les présidents des commissions.
Feu Raymond Forni (pdt de l’AN, 2000-2002), ne peut le confirmer, ses prédécesseur et successeur, Laurent Fabius et Jean-Louis Debré, pourraient s’exprimer sur ce point. Fantomatique au Palais Bourbon, Penelope Fillon n’était pas plus couchée sur le papier des divers organigrammes, dont celui du Trombinoscope. Bruno Le Maire, qui employait son épouse, ou elle-même, seraient bienvenus de détailler ce qui fut leur travail en commun. Mme Le Maire, née Pauline Doussau de Bazignan, assistante parlementaire de 2007 à 2013, que ce soit dans l’Eure ou à Paris, saurait certainement, elle, dire ce qu’il en est du travail de collaboratrice. Il se situe parfois à la marge de l’illégalité quand on œuvre surtout pour le parti de son employeur (et époux), avec des attributions plus larges, mais au moins, on bosse, vraiment.
Il y a peut-être lâcher de boules puantes, mais au Palais Bourbon, Penelope Fillon semblait sans odeur, sans saveur, sans couleur. Transparente ? Quel oxymore ! Elle tissait surtout sa toile au château Beaucé et comme l’exprime Éric Bédiez, sur Facebook, c’était peut-être une télétravailleuse : ‘’on appelle cela du TéléMac’’. Gérald Darmanin (LR) a entonné le grand air de la ‘’manipulation’’. Air trop connu. Autre question : d’où provient la fuite publiée par Le Canard ? Des sarkozystes ?