La Sûreté du Québec, sur son compte Twitter, ''considère qu'un seul des individus suspectés hier soir en lien avec l'attentat de Québec est considéré comme suspect''. Ce qui implique que Mohamed Kadhir est désormais entendu en tant que témoin. Témoin impliqué ou non ? Complice en quelque sorte involontaire ? Simple passant, se trouvant dans les parages fortuitement ? Le jeune homme, d'origine marocaine, avait été appréhendé à proximité de la Grande Mosquée de Québec à l'intérieur de laquelle une tuerie avait provoqué la mort de six personnes et au moins cinq blessés graves.
Selon un présent, avant de partir, Alexandre Bissonnette, qui avait appelé par la suite la police pour passer des aveux et exprimer des regrets, aurait dit à haute voix ''j'en ai assez tué''. Les réactions immédiates, notamment celles des sites identitaires français, faisaient état de deux convertis à l'islam radical, et selon des versions alternatives, ou "faits alternatifs'', de deux Syriens. Mais l'hypothèse qu'il se soit agi d'Alexandre Bissonnette, présumé accompagné par Mohamed Kadhir, semblait confirmée par des sources policières anonymes ayant fuité de maigres informations à la presse québécoise. Toute la journée, les deux noms ont été constamment liés. La police semble à présent dissocier nettement les deux cas.
De plus Mohamed Kadhir été remis en liberté. Ce qui est certain et totalement confirmé, c'est que, vers 20:10 locales, un individu se disant armé, exprimant des regrets "parle de son geste et semble vouloir collaborer", déclare l'inspecteur Denis Turcotte, du service des enquêtes criminelles de la police locale. En revanche, s'il y a eu des perquisitions dans la localité où demeurait Bissonnette, à Cap-Rouge, il s'en est déroulé dans le quartier où loge Mohamed Kadhir, conduisant à deux interpellations.
L'inspecteur-chef André Goulet a confirmé que rien ne permettait d'établir qu'Alexandre Bissonnette ait été ''associé à d'autres personnes''. Il ne s'agirait donc pas, "techniquement'', d'un "acte terroriste", mais de… assassinats multiples ? Ce qui semblerait ahurissant, c'est qu'Alexandre Bissonnette, qui pouvait connaître l'emplacement de la Grande Mosquée, n'ait jamais su qu'une tête de porc avait été déposée devant son seuil, et que des tracts assimilant le lieu de culte à un repère de Frères musulmans furent distribués à ses abords.
Radicalisation subite ?
L'épluchage attentif de la page Facebook du tueur laisse certes déceler une certaine sympathie pour Donald Trump, Marine Le Pen, ou un pasteur baptiste américain, mais absolument aucun signe de radicalisation, de fascination pour un ou des groupes identitaires ou suprématistes blancs. Hassan Guillet, porte-parole du Conseil des imams du Québec, a sobrement commenté : ''ce sont des malades ; il y en a malheureusement partout, les fanatiques, les racistes, les islamophobes n'ont pas de nationalité". À Victoriaville, l'un des bénévoles de la mosquée a souligné que les musulmans vivent en paix avec tous leurs voisins : ''on vit tellement en paix ici que les portes de la mosquée sont toujours ouvertes''.
Mais d'autres ont pointé, depuis quelques années, une démultiplication des sites et des radios locales incitant à ostraciser, voire déporter les immigrés et les musulmans. Comme l'avait promis le candidat Donald Trump à son électorat. Le président des États-Unis a fini, bien après Vladimir Poutine ou d'autres chefs d'États, dont François Hollande, par joindre Justin Trudeau par téléphone pour transmettre ses condoléances et offrir "toute aide jugée nécessaire''. Si la personnalité du tueur est plus que moins difficile à cerner, sa rapide radicalisation, pour sidérante qu'elle soit, n'a pu se produire en quelques minutes ou heures.