Est-ce l'effet Trump ? Selon les premiers éléments que la police canadienne a divulgué à la presse québécoise, les deux hommes cagoulés s'étant livrés à une tuerie (six morts, huit blessés) seraient des Québécois "de souche''. Est-ce l'effet Daesh ou l'effet Trump ? Les deux sans doute, mais ce que ses auteurs qualifieront sans doute de "représailles'' fait suite à deux faits islamophobes ayant visé les fidèles du lieu de culte. Ce fut d'abord le dépôt d'une tête de porc, en juin, des graffitis, puis, après l'attentat de Nice, à la mi-juillet, la diffusion d'un tract liant attentats djihadistes en France et la Mosquée de Sainte-Foy.

Ce tract émanait d'un blogueur anonyme qui anime trois sites, FM Info (Québec et Trois-Rivières), et Frères Mulsumans Québec Info. Mais d'autres tracts ont circulé au Québec, inspirés par les sites Point de bascule, Bivouac-Id, Poste de veille, et les chroniques de la journaliste Lise Ravary (Journal de Montréal), dont les chroniques inspirent celles du site français Riposte laïque. L'universitaire Samar Ben-Romdhan, qui estime que la mosquée est fréquentée par des gens du quartier ou " rattachée persque dans son entier à l'université Laval'', fait état à La Presse d'une montée de l'islamophobie au Québec depuis 2007. ''Le contexte international et les actions et propos de Donald Trump contribuent à un climat malsain''.

Les auteurs arrêtés

La fusillade s'est produite après la fin de la prière du soir. Deux hommes cagoulés ont tiré à maintes reprises, l'un d'eux rechargeant trois fois son arme. On ne sait si c'est celui-là ou son comparse qui, pris de remords, a téléphoné à la police pour se rendre. Les deux hommes sont interrogés. Il y a six morts, huit blessés graves, et près de 40 rescapés, indemnes ou dont l'état n'inspire pas d'inquiétude.

Le bilan aurait été certainement plus lourd à quelques minutes près. L'expert en sécurité Michel Juno Katsuya a observé "un courant xénophobe qui a été toléré [et] peut-être nourri par des médias, comme des radios provocantes'' tandis qu'un ancien policier chargé de la surveillance de divers groupes, J.-F. Brochu, estime, dans Le JdM, que la tuerie s'inscrit "en plein quand l'administration Trump envoie des messages qui pourraient être une inspiration".

Dans l'une de ses chroniques, Lise Ravary dénonçait le politiquement correct et la teneur d'un guide destiné aux enseignants selon lequel l'islamophobie croissait au Québec. Elle ajoutait entre parenthèses "combien de morts à ce jour ?". Six seulement, rétorqueront peut-être Marc Labuis, de Point de bascule, et ses correspondants en Europe. Comme le rétorquait Jean Pelletier, de Radio Canada, à Lise Ravary, qui avait critiqué un reportage minimisant, selon elle, le risque islamiste au Québec, le point de vue des experts en la matière "ne compte pas car il ne cadre pas avec ce que vous avez choisi de croire. Même les chiffres ne vous impressionnent pas''. Cela se constate aussi en Europe où la ''réinformation'' donne l'impression de l'emporter.

Bilal Hamon, Ali Juppé, Farid Fillon, et bientôt Jahid (Justin) Trudeau ? Au Québec, comme en France ou en Europe, l'islamophobie ne se résume pas à son propos, mais participe d'une volonté de prise de pouvoir, de grand remplacement des personnels politiques, éducatifs, et des institutions. Par les urnes, certes, mais l'outrance des propos conduit aussi à des agressions non-verbales, dont la tuerie du Québec donne le premier sinistre exemple. Un exemple qui donnera lieu à ''contre-désinformation'' ?