L'automobiliste nous voit faire des photos. Elle baisse sa vitre "Elle est mieux depuis que le bus est rentré dedans...". Et elle se dirige sur le pont de Chasse. Mieux ? Nous ne savons pas. Pire ? Sans doute pas. Et puis franchement le Givordin ne tourne plus la tête en passant dans le coin depuis bien longtemps. Mais cette dame ne se doutait pas pourquoi nous étions là pour des photos. Si elle achète son journal, elle va pester. On reparle d'une rénovation avec un nouveau travail de création.

A l'époque, les élus expliquent que cela ne coûte rien aux contribuables puisque cela s'intègre dans Banlieues 89 !

Comme s'il ne s'agissait pas d'argent public. En fait, ce genre de gabegies qui permettent à des villes de faire n'importe quoi puisque la dépense, effectivement, ne sort pas uniquement de leurs caisses. A Givors c'est un sculpteur, Patrick Reynaud, qui fut choisi pour 157 968 de nos euros aujourd'hui. Sa réalisation reprend une arche du pont de Chasse réalisée en métal et un rocher, qui serait tombé de la colline située derrière l’œuvre. Pour d'autres, des gros boulets de charbon pour insister une fois de plus sur le déclin de la ville en raison de la désindustrialisation. Histoire que les Givordins s'en souviennent au quotidien. D'ailleurs, au fil des ans, chacun s'est inventé son histoire.

Jusqu'à ce nom d'Arc de triomphe, qui n'est pas le nom choisi par le sculpteur. Les histoires autour de l'oeuvre sont nombreuses. Ainsi, les premiers mois, le commissariat de police de Givors reçoit des appels de Givordins inquiets: "Y'a un truc au Pont de chasse qui va tomber". Petit à petit, tout le monde a bien compris que, question de tomber, il ne tomberait (malheureusement ?) pas.

Alain Pélosato, élu de l'opposition, ennemi juré du maire Martial Passi et ex PC raconte sur son site: "...Plusieurs militants communistes, et non des moindres, détracteurs de l’œuvre, sont allés à son chevet le soir de la victoire des communistes aux élections municipales de 1989, pour la dénigrer en manifestant bruyamment…" En 2014, c'est un chauffeur de car qui est victime d'un malaise, son véhicule percutant l'oeuvre et la "froissant".

Curieusement, il ne se passe rien. Dans la mesure où le "rocher-phare" ne s'allume plus depuis des lustres et que l'oeuvre est emboutie on aurait pu penser qu'elle soit voilée. On verrait mal La Joconde victime d'un coup de couteau au niveau du regard restée accrochée au Louvre. C'est donc maintenant que ressurgissent trois propositions: ne pas réparer l'Arc et la démonter, restaurer la sculpture à l'identique ou... restaurer l'oeuvre avec un nouveau travail de création.

Cet art qui n'intéresse qu'un microcosme et qui coûte cher

Le Progrès nous dit que "Patrick Reynaud souhaite retenir la troisième solution "car elle permet d'interroger la place et la fonction de cette oeuvre dans la ville et intégrer son positionnement dans l'espace public après l'accident qui lui est arrivé...".

Une phrase d'artiste à méditer. Bref faire une nouvelle sculpture, la solution la plus chère ? Qui payera? Le Progrès ne le dit pas. Enfin si, le projet pourrait prendre une forme participative... Un référendum ? La Municipalité devrait peut-être évitée. Il suffit d'être Givordin et d'avoir et tout ce temps pour entendre parler de l'Arc de triomphe pour savoir quel serait le résultat.

Rien n'est fait... sauf le nom de l'artiste !

Et en pleine période de baisses des dotations de l'Etat, il serait sans doute plus responsable de trouver un mécène pour ce projet. Un projet semble t-il bien avancé: "Patrick Reynaud a désigné Emmanuel Louisgrand, artiste plasticien, pour garantir la restauration de l'oeuvre selon ses souhaits". Celui-ci était son élève pour l'Arc de triomphe. Il connait donc déjà! On est rassurés...!