Dimanche dernier, près de 6 000 personnes s'étaient rassemblées place de la République à Paris, et sur des places homonymes, ou d'autres (celle du Ralliement à Angers), en provinces, pour protester contre la corruption des élus. Ce samedi, alors que trois juges d'instruction sont désormais chargés du Penelopegate, que Frédéric Chatillon (très proche de Marine Le Pen), et d'autres du FN, sont mis en examen, le mouvement semble quelque peu s'essouffler.
Semble, moins en raison du mauvais temps que du changement de jour : divers participants, des manifestantes, travaillent ou doivent faire des courses le samedi. Semble, car je n'ai pu le vérifier, ne pouvant cette fois me rendre sur place (le montage photo est issu du rassemblement de dimanche dernier). Mais selon les observateurs parisiens, des pics de présence à 4 000 paraissent vraisemblables. On peut aussi présumer que des personnes intéressées s'étant peu informées estimaient qu'il convenait de revenir ce dimanche (comme demain à Rouen). Autre facteur : les médias ont certes rendu compte du précédent rendez-vous, mais très peu de ses suites.
Mouvement durable ?
En revanche, sur la page Facebook initiale (cherchez Rassemblement contre la corruption), si le nombre des participants déclarés a fléchi, celui des intéressés s'est accru. Pour la page parisienne, le cap des 10 000 paraît devoir être très vite atteint. Mais cette page a "essaimé" puisque d'autres, propres à près d'une vingtaine de grandes ou moyennes villes de province, ont été créées. Plus important sans doute, un "groupe central" du "Mouvement Stop Corruption" (#StopCorruption) s'est formé : "ce groupe est le QG du mouvement apartisan contre la corruption de nos élus". Il rassemble près de 2 500 membres "moteurs", qui se répartissent en "quatre groupes de gestion thématiques".
Cela ressemble très fort au mode d'organisation du mouvement Nuit Debout. Mais il ne s'agit pas d'un calque puisque Nuit Debout s'ouvrait et s'ouvre encore à des mouvements, organisations, et même (petites) formations politiques et bien sûr associatives. Le Mouvement Stop Corruption se voulant résolument "apartisan" ne refoule pas des syndicalistes, des militants politiques (et encore moins associatifs, dont bien sûr celles et ceux d'Anticor, qui publie une charte éthique), mais prie de mettre son drapeau dans la poche et de remiser sa banderole siglée ou à connotation syndicale… C'est en fait les manifestations citoyennes roumaines qui se rapprochent le plus de ce type de rassemblement. La différence notable est que le parti roumain au pouvoir, le PSD, tente de "riposter" en tentant de faire manifester ses partisans et qu'un référendum sur la transparence est prévu (une initiative présidentielle).
De plus, en Roumanie, la corruption est beaucoup plus "palpable" au niveau local. Ce qui pourrait influer sur le mouvement français, c'est sans doute la condition posée par François Bayrou à Emmanuel Macron de présenter "en priorité une loi de moralisation de la vie publique". Si ses termes, dévoilés le 2 mars, conviennent parfaitement, la détermination pourrait fléchir… ou se renforcer en fonction du résultat de l'élection présidentielle. Le Penelopegate, un mal pour un bien ? Ce n'est pas, ou plutôt plus, inenvisageable