Le message se veut clair et précis, Rex Tillerson, secrétaire d'État des États-Unis, s'en est fait le porte-parole ce vendredi à Bruxelles. Les dépenses militaires des pays européens, partenaires de l'Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan), doivent augmenter. Washington presse la course à l'armement et exige, en matière de défense, un investissement de 2% du PIB pour chaque pays alliés, avant 2024. Les États-Unis se plaignent, pour l'heure, d'un déséquilibre financier puisqu'ils auraient porté à 3,2 % de leur PIB les investissements au sein de l'alliance atlantique.

Rex Tillerson affirme "qu'un meilleur partage du fardeau fera en sorte que le lien transatlantique reste solide." Il affirme par la suite, qu'un manque d'engagement financier, de la part de leurs partenaires, pourrait pousser les États-Unis à redéfinir à la baisse leurs stratégies de défenses militaires. Le message a été reçu cinq sur cinq sur le vieux continent puisque M. Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan a voulu rassurer Washington, en affirmant que les alliés avaient pris conscience du problème et qu'ils respecteraient les engagements budgétaires. Stoltenberg rappelle tout de même que les dépenses de défenses ont connu une progression de 3,8 % sur l'année 2016 (soit environ 10 milliards de dollars).

Pourquoi de telles attentes budgétaires pèsent aujourd'hui sur les partenaires de l'OTAN ?

La question de la défense reste un sujet primordial pour le nouveau gouvernement américain et son président. L'Europe aurait-elle oublié de prendre en considération une éventuelle menace ? Sans doute pas... Malgré tout, il semblerait que l'admiration, que Donald Trump avait prétendue avoir à l'égard de Vladimir Poutine, se soit atténuée au fil des semaines.

Le Kremlin n'en fait qu'à sa tête pour Washington. Entre l'occupation de la Crimée, les multiples agressions en Ukraine et une tentative de bataille navale en octobre 2016 du côté russe, Trump veut sans doute démontrer à Moscou que l'OTAN demeure une organisation "obsolète" mais forte. En Europe, les États sont un peu confus devant une telle prise de position, à commencer par l'Allemagne.

L'allemand Sigmar Gabriel, ministre des affaires étrangères, évoque tout simplement "des objectifs irréalistes" à atteindre. Effectivement, la situation économique se sait périlleuse avec un déficit public de plus de 2% du PIB pour les pays membres de l'Union Européenne.

L'OTAN a-t-il encore un réel rôle à jouer aujourd'hui ?

À l'origine, les objectifs de l'organisation étaient simples : "Garder les Américains ici, maintenir les Russes au loin et les Allemands faibles". Le contexte politique a évidemment changé, et la maxime n'a plus lieu d'être. Pour autant, les dernières opérations de l'Organisation dessinent des contours flous et obscures. Entre l'intervention de l'OTAN en Irak, de 2004 à 2011, basée sur des fondements discutables, puis celle de 2011 en Libye dans le but de renverser un régime qui a permis, par la suite, l'implantation de groupes terroristes, la légitimité de l'alliance s'affaiblie.

L'interrogation subsiste à la lecture de l'article 5 du traité de l'Organisation qui prévoit uniquement le soutient de tous les pays partenaires, si l'un d'eux se faisait attaquer sur son territoire.

Une question subsiste alors, à qui profite réellement l'OTAN ?