Emmanuel Macron à 59% avant le débat face à Marine Le Pen et avant les MacronLeaks, très productives les boules puantes ! Effet des rumeurs ? 61,1%. Mais avant de passer aux suivantes (et aux remugles du Penolopegate et du Riwalgate revisités par les poursuites des enquêtes), revenons sur ces MacronLeaks. J'en avais très prudemment évoqués – évasivement – deux avant l'élection d'Emmanuel Macron, faisons un point intermédiaire. En gros, on a des fiches de paye (pour certaines équivalentes en montants aux émoluments antérieurs des intéressés), des factures, et quelques trucs insolites.

Question facture, il y a celle des prestations de la société Dushow qui, comme son nom l'indique, organise des réunions et les sonorise. Le subterfuge a consisté à la faire passer pour une société étrangère, voire offshore. Elle est domiciliée près de l'aéroport Charles-de-Gaulle : c'est bien "la preuve" qu'elle est une officine étrangère (quoique, sauf erreur, on ne lui connaît des agences que dans l'hexagone) !

Les MacronLeaks font pschitt !

Pour avoir les détails, on peut consulter les documents eux-mêmes ou décrypter ceux qui s'en servent pour diaboliser le président élu. Mais ce qui m'avait interpellé, c'est une facture réglée en bitcoins pour une commande de substance dont je ne sais encore vraiment s'il s'agit d'un dérivé du Viagra™ ou d'autre chose.

Le fac simili (ou sa contrefaction) tend à laisser entendre que l'assistant parlementaire du député Alain Tourret (70 ans, radical passé à En Marche, avocat à Caen) aurait commandé des drogues. Mais en fait, soit il s'agit de faux, soit d'une manip : les adresses cryptées pointent sur un site proposant des exemples d'identifiants.

Un courriel "explicitant" un autre élément laisse croire que Raphaël Colhoun demande à ce que soit acheté du ou de la "c." pour "le boss". Sauf que le destinataire est fictif. Tant Emmanuel Macron que l'équipe de La République Marche peuvent attendre sereinement les résultats de l'enquête du parquet financier. Florian Philippot, qui avait lancé un tweet immédiatement repris par le moindre élu ou le moindre militant Front national, passe pour un complotiste prenant ses désirs pour des réalités.

Il avait diffusé un "les MacronLeaks apprendront-ils des choses que le journalisme d'investigation a délibérément tues ?". Tiens, c'est nouveau, il subsisterait en France un "journalisme d'investigation" alors qu'on nous serine qu'il n'existe plus que des "journalopes gauchiasses" spécialisés en désinformation ? Autre méthode : glisser de vrais documents, dont l'un remonte à 2002, pris à d'autres sources. Vous piratez plusieurs sites, plusieurs adresses électroniques, et vous mélangez de manière à faire accroire qu'il y a "du lourd". Soit un financement depuis les Saoudiens, liés indubitablement et assurément liés à al-Qaida. "Coupable, forcément coupable…". Air connu. Les diffuseurs ont aussi laissé échapper par erreur un document comportant des mentions en cyrillique.

Ah bon, le Kremlin finançait tant le Front national qu'En Marche ? Finalement, le seul item incriminant provient d'un collaborateur qui se lâche et se plaint que des élus et des "crevards" tentent de se faire rembourser leurs frais de participation à des meetings (bref, des écornifleurs) : il espère qu'ils ne puissent récidiver en continuant à piquer dans les petits fours et épuiser les bouteilles après le 7 mai. Gross Skandal. Il faut comprendre que Macron mènera les siens "à la schlague", comme j'ai pu le lire à travers la fachosphère. Bref, Riposte laïque l'assure : "l'attaque de Wikileaks sera déterminante, et elle n'en est qu'à son début". Entendez que les MacronLeaks ne sont qu'une première salve de semonce, et que le "très lourd" promis suivra.

"Macron pourra-t-il rester à l'Élysée après les révélations de WikiLeaks ?", reprend encore le site des catholiques intégristes lepénistes déguisés en laïcards. D'une part, WikiLeaks n'a fait que suivre, de l'autre, si vous pensez que les médias français minimisent les MacronLeaks (car subventionnés par le pouvoir et le système), consultez donc la presse étrangère. Les sites de "réinformation" vont ensuite se plaindre qu'on veut les assassiner par des procès. C'est bien la preuve que "le système Macron" est satanique. Vite, un exorciste, et une bénédiction protectrice des serveurs de la fachosphère expatriés par ceux qui vous enjoignent à acheter français. Enfin, La République en marche, ses collaborateurs, reçoivent des pourriels comme tout un chacun.

Piller un dossier de pourriels permet de faire croire n'importe quoi. Combien de fois n'ai-je point été incité à planquer des fonds à l'étranger ? Ou à acquérir des contrefaçons (sacs, lunettes de soleil, voire armes et diplômes bidon). Pour Macron, il s'agit d'un pourriel reçu par un collaborateur et émanant d'un certain VestiaireGay. Bon, au moins il s'agit d'un site de vente français... et qui n'a jamais revendiqué que le président élu ait été l'un de ses clients. Il faudra trouver ailleurs un émetteur de fausse facture...