De nombreux économistes africains estiment que le Franc CFA ne favorise pas le développement économique de l’Afrique francophone. Il faut abandonner cette Monnaie coloniale en obligeant les pays membres de la zone CFA à sortir d’une zone monétaire contrainte. Une partie de la zone Franc est en difficulté. Les difficultés (déficits budgétaires et publics de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) peuvent-elles justifier une Dévaluation ou une sortie de la zone Franc ?

Et si les déficits budgétaires et publics favorisaient la dévaluation du Franc CFA ?

Les nouvelles macro-financières concernant la zone CEMAC ne sont pas bonnes. Toutes les économies de cette zone sont confrontées à des déficits budgétaires et publics et à une mauvaise gouvernance macro-financière. Ces pays (Tchad, Congo-Brazzaville, RCA, Gabon, Guinée équatoriale) pilotent leurs économies respectives à partir du pétrole dont ils font la ressource de base pour leurs recettes budgétaires en plus d’autres recettes provenant de matières premières agricoles et minérales. Malgré les injonctions du Fonds monétaire international et des plans nationaux de développement dans ces pays qui mettent l’accent sur la diversification économique, force est de constater que la problématique de la diversification est plus politique et théorique que réelle.

Sur le plan de l’action économique, ces pays essaient de créer des structures comme les zones économiques spéciales, les parcs industriels et agricoles.

Le Franc CFA au service des entreprises françaises en Afrique

La plupart des pays des zones CEMAC et BCEAO (Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest) ont une monnaie, le Franc CFA, qui les lie à la France depuis fort longtemps.

Depuis les indépendances, les responsables politiques des pays de la zone CEMAC ont bénéficié de la convertibilité et de la transférabilité intégrales entre le Franc français et le Franc CFA. Ces deux opérations économiques ont permis des transferts illégaux de fonds et ont favorisé la corruption. Les conditions macro-financières exigeantes entre le Franc CFA et le Franc français (dépôt obligatoire de 50% des devises auprès du Trésor français -revu à la baisse-, surveillance des indicateurs monétaires, discipline monétaire exigée par la France) n’ont pas favorisé le développement économique des pays africains de la zone CEMAC en privilégiant les entreprises françaises.

La France n’a jamais souhaité un développement économique et industriel des pays africains, ce que les dirigeants de ce pays ont parfaitement compris pour se maintenir au pouvoir et exiger des entreprises françaises une compréhension et un consentement aux dérives monétaro-financières dans la plupart des pays africains francophones grâce aux grandes entreprises françaises d’exploration pétrolière, comme Total, qui ont la réputation d’assurer les fins de mois de certains pays de la zone CEMAC.

La dévaluation de 1994 appelle-t-elle une autre dévaluation en décembre 2017 ?

La dévaluation de 1994 du Franc CFA n’a pas mis un coup d’arrêt à ces pratiques mais a permis à la France d’avertir ses partenaires africains sur leurs pratiques macro-financières légères.

Il a été demandé à la France d’être la garante de ce pilotage monétaire. La dévaluation qui est un changement de parité vis-à-vis d’une monnaie-ancre, le Franc français, a eu des conséquences négatives sur les économies de la zone CEMAC, non travailleuse et incapable de se diversifier économiquement.

Il y a aujourd’hui une divergence entre la zone CEMAC et la zone BCEAO. Il existe aujourd’hui deux CFA inconvertibles, celui de l’Afrique de l’Ouest et celui de la CEMAC à cause des résultats macroéconomiques plus favorables dans la zone BCEAO que dans la zone CEMAC. Avec la mauvaise gouvernance, l’absence de structure de séparation entre les différents déficits de l’Etat, des collectivités locales et des réponses à apporter, une dévaluation dans la zone CFA est inéluctable (1 euro = 1300 F CFA) car la France se lasse d’apporter les devises nécessaires aux opérations économiques de la zone CEMAC pour suppléer les insuffisances de gouvernance économique dans ces pays.

Et si le Président Macron avait raison de dire « Si on ne sent pas heureux dans la zone Franc, on la quitte et on crée sa propre monnaie comme l’ont fait la Mauritanie et Madagascar. Si on y reste, il faut arrêter les déclarations démagogiques, faisant du Franc CFA le bouc-émissaire de vos échecs politiques et économiques, et la France la source de vos problèmes » ?