Le Président Macron l’avait dit pendant sa campagne électorale : il faut réformer l’assurance-chômage et étendre sa couverture aux indépendants et aux artisans en créant les conditions d’une égalité entre les Français face à la perte d’emploi. La gestion de l’assurance-chômage repose depuis fort longtemps sur un mécanisme paritaire qui implique les organisations syndicales et patronales.

La réforme que souhaite introduire le Président Macron, vise à mener parallèlement la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage avec l’objectif de présenter un projet de loi en avril 2018. L’importance du chômage dans notre pays et surtout en Europe, n’est plus à démontrer. Tous les pays ne sont pas affectés de la même manière par le chômage mais tous essaient de mettre en place des outils et les moyens de financement pour résoudre ce cancer social qui conduit certains citoyens de ces pays à la marginalisation et à la précarisation. Le Président Macron a pris acte de cette situation de chômage que l’on qualifie de masse depuis les années 1980 et a fait la promesse pendant sa campagne d’ouvrir l’indemnisation aux indépendants et aux démissionnaires tous les cinq ans.

Cette promesse de campagne inquiète les partenaires sociaux car c’est une mesure qui nécessite des financements importants compte-tenue de la politique fiscale du gouvernement qui vise à une baisse des impôts sur le long terme. Les organisations patronales et syndicales s’interrogent sur la pertinence économique et sociale de cette mesure qui risque de coûter très cher.

Les organisations syndicales des salariés refusent la baisse des allocations-chômage

La question du financement du chômage est au cœur des analyses gouvernementales dans la plupart des pays de la zone Euro. Certains pays admettent des indemnisations a minima, comme en Espagne et en Italie, d’autres, comme les pays nordiques admettent des compensations importantes pour les chômeurs.

Les syndicats français de salariés refusent la baisse des allocations en guise de compensation. Ils sont opposés, comme le rappelle Jean-Claude Mailly, patron de Force Ouvrière, dans le Figaro du 13 octobre 2017 en pages économie, à un système a minima des indemnisations-chômage. François Hommeril, Président de la CFE-CGC, déclare (Le Figaro, 13 octobre 2017) que si le Président Macron veut faire des réformes en se détachant des cadres de ce pays, il prend une lourde responsabilité. Pour Pierre Gattaz, Président du MEDEF, il n’est pas question qu’on augmente le coût du travail.

Macron veut transformer la société française en favorisant les incitations économiques qui vont permettre aux entreprises de créer des emplois sans contreparties contraignantes.

Autant dire que ces incitations peuvent ne pas être suivies par les entreprises, ce qui va se traduire par une augmentation du chômage et accroître la question de l’indemnisation, donc du financement.

Indemnisation du chômage, formation, apprentissage et modalités de financement

Le Président Macron et son gouvernement doivent sortir des schémas théoriques traditionnels qui, jusque là, conditionnaient l’obtention de l’allocation de chômage par le chômeur à sa participation à la vie économique. En élargissant l’assiette aux indépendants, aux démissionnaires, le Président Macron est obligé avec Madame Pénicaud, Ministre du Travail, de réfléchir sur les nouvelles modalités de financement de l’assurance-chômage.

Les partenaires sociaux doivent-ils continuer à être les gestionnaires de l’assurance-chômage ? Dans quelle mesure l’Etat, prenant acte des déséquilibres dans la gestion paritaire de l’assurance-chômage, pourrait-il décider de nationaliser cette gestion ? Comment les partenaires sociaux, forts de cette information, pourraient-ils rester autour de la table de négociation ou décider de combattre les décisions du gouvernement ?

A la différence des ordonnances sur le travail, le gouvernement Macron prend son temps, met en place une stratégie de concertation avec les syndicats et joue sur le temps long (printemps 2018) pour amener les syndicaux patronaux et des salariés à converger et accepter sa méthode de travail sur la réforme de l’assurance-chômage.