C'est officiel. La neutralité du net a disparu aux Etats-Unis depuis le 14 décembre. Les Républicains ont massivement accepté la proposition d'Ajit Pai. Nombreuses sont les voix dénonçant la pratique peu démocratique d'un tel choix qui a été massivement critiqué par la population américaine. Notamment les minorités qui s'avèrent être les plus affectées par une telle décision. En effet, que ce soit les indigènes, la communauté noire ou même encore les groupes LGBTQ, tous souffrent d'un accès désormais limité à une plateforme qui leur permet non seulement d'informer le grand public vis à vis de leurs causes mais également de combattre les diverses formes de discrimination encore vivaces de l'autre côté du globe.
Les petites entreprises souffrent également. En effet, la disparition de la neutralité du net mettra en avant de grands groupes au détriment des petites start-ups cherchant à se faire connaître. Il deviendra de ce fait compliqué de se lancer dans un nouveau projet dont l'aboutissement dépend en partie d'internet et des réseaux sociaux.
La disparition de la régulation du net n'est pas à prendre à la légére. La résistance s'organise déjà et de nombreux réseaux internet privés voient le jour aux quatre coins des Etats-Unis. Si le parcours est semé d'embûches, cela ne décourage pas certains américains qui refusent de plier face à Verizon et AT&T. Aussi marginale que cette initiative peut sembler, elle démontre que le combat pour la neutralité du net n'est pas encore terminé.
Des scandales comme l'affaire Yahoo devraient donc encore voir le jour.
Le cas français
Faut-il craindre la disparition de la neutralité du net en France ? Il est vrai que notre pays a tendance à copier son voisin d'outre-atlantique avec souvent quelques années de retard. Cependant, si certaines compagnies comme Orange souhaiteraient enterrer la neutralité d'internet, elles devront ranger leurs pelles pour l'instant.
En effet, depuis 2016, le projet de loi pour une République numérique prévoit la neutralité du net dans son texte. L'hexagone devrait donc être à l'abri.
Ce n'est pas pour autant que la France ne doit pas rester sur ses gardes et observer d'un oeil critique la situation aux Etats-Unis. Il ne serait pas étonnant qu'un débat sur la légitimité de la neutralité du net voie le jour parmi les plus hautes instances de la République.
Ce sera alors au peuple de se manifester pour rappeler à ses dirigeants qu'il s'agit d'un droit protégé par la loi et qui ne peut être détruit au profit de l'enrichissement d'un (petit) nombre d'individus.