Si vous avez un compte Facebook ou Instagram, et que vous suivez vos amis, peut-être avez-vous déjà pu constater de légères différences entre les photos qu'ils postaient et la personne telle que vous la connaissez : une taille légèrement affinée, une peau lissée, des dents plus blanches.

Ces personnes altèrent l'image que nous avons de nous-même, et parfois sans que nous en ayant conscience, les changements effectués paraissant parfois mineurs. Et il s'agit bien là du danger contre lequel certains spécialistes tentent de nous mettre en garde. L'application Facetune fait partie depuis quelques années maintenant du top 10 des applications payantes présentes sur l'Apple Store, et permet de retoucher ses photos avec la promesse d'apparaitre sous son meilleur jour, le tout de façon très naturelle.

Comment Facetune participe au fantasme d'un physique parfait

Aujourd'hui la popularité ne se mesure plus dans les cours de récréations, mais sur les réseaux sociaux : vos photos sont récompensées par des "like", qui se traduisent en abonnés. Il devient donc primordial de proposer un contenu qui plait, et cela passe pour beaucoup par des selfies qui doivent être parfaits. Alors qu'avant, les retouches photos étaient réservées aux photographes professionnels et aux magazines, aujourd'hui n'importe qui peut retoucher ses photos de façon très simple.

De plus en plus de spécialistes mettent en garde contre ces logiciels de retouche photo et leur impact sur la santé mentale des usagers. Le physique présenté est souvent irréaliste et créé de la frustration chez l'utilisateur qui fantasme sur cette image de lui qui n'existe pas.

Ce trouble mental s'appelle la « dysmorphie de Snapchat ». Les chirurgiens esthétiques rapportent en effet que certains patients leur arrivent en consultation non pas avec des photos trouvées dans des magazines, mais avec des photos d'eux qu'ils auront retouchés, et demandent à ce qu'on les fasse ressembler à leur alter ego, modifié à l'aide de filtres.

Les risques d'une utilisation excessive de Facetune

L'application promet à ses utilisateurs d'améliorer leur physique : en atténuant les rougeurs, lissant la peau, changeant la couleur des yeux, la taille des lèvres. Pour beaucoup ces changements minimes ne sont pas différents de la personne qui sait choisir le bon angle, la bonne lumière, le bon maquillage.

Et contrairement à la chirurgie esthétique, les effets ne sont pas définitifs, et le prix est bien moins important (4,99 euros).

Il est donc relativement aisé de sombrer dans la dysmorphie corporelle : les utilisateurs risquent de devenir obsédés par certaines caractéristiques physiques qu'ils verront comme des défauts, et souhaiteront cacher. Si actuellement une personne sur cinquante est affectée par cette maladie mentale, les chiffres ne font qu'augmenter, en partie à cause des réseaux sociaux et de cette pression à apparaitre toujours plus parfait.

Instagram créé donc de l'insécurité auprès de nombreuses personnes, qui cherchent à se rassurer sur leur physique en modifiant certaines parties de leurs corps, pour créer l'impression d'être parfait. Et si l'espace d'un instant la personne semble bien dans sa peau, le retour à la réalité peut être très violent lors de la confrontation avec son miroir.